Francfort (awp/afp) - Les Bourses européennes ont comblé cette semaine une partie de leurs pertes récentes, mais restent en quête de catalyseurs pour confirmer ce rebond, sur fond de vigilance sur les prix et de flambée de l'euro.

A Paris, Londres ou Francfort, les principaux indices ont enrayé la dégringolade subie début février, surmontant même une nouvelle poussée de fièvre déclenchée mercredi par l'inflation américaine plus élevée qu'attendu.

"Après un début d'année très positif, les actifs risqués se sont offert un tour de montagnes russes avant de se reprendre ces derniers jours", résume Elia Lattuga, stratégiste de la banque italienne UniCredit.

Pour lui, "les fondamentaux" sur lesquels reposait l'optimisme des investisseurs "n'ont pas changé: les perspectives économiques demeurent solides et la politique monétaire largement accommodante".

Nombre d'observateurs y voient des raisons de repartir à la hausse, "notamment pour le CAC 40 qui a l'avantage, à l'inverse des marchés américains, de ne pas faire face à une problématique de survalorisation", souligne Christopher Dembik, responsable de la recherche économique chez Saxo Banque.

Côté allemand, les analystes de Deutsche Asset Management voient eux aussi le Dax, actuellement autour de 12.400 points, viser "plutôt les 15.000 points que les 10.000", soutenu par la croissance des bénéfices et les dividendes généreux.

- Adieu, argent facile -

Reste à savoir ce qui focalisera l'attention des opérateurs dans les prochaines semaines, entre les nouvelles des entreprises, les indicateurs économiques, les signaux des banques centrales, les changes et le marché obligataire.

Car la volatilité, matérialisée à Wall Street par l'indice VIX "de la peur", est récemment remontée et rend moins prévisible l'évolution des cours, suspendue aux inquiétudes du moment autant qu'aux informations tangibles.

"Les cours boursiers ont corrigé à la baisse, mais pour une mauvaise raison", affirme ainsi Patrick Artus, de Natixis, qui s'attendait à voir rectifier "les anticipations anormalement fortes de croissance et de résultats des entreprises".

Or c'est "l'anticipation du retour de l'inflation et de la hausse des taux d'intérêt, en particulier aux Etats-Unis", qui a plongé les indices dans la tourmente, alors même qu'on "ne voit aucun signe effectif" de dérapage des prix, poursuit-il.

Dans ce contexte, les minutes de la dernière réunion de politique monétaire la Réserve fédérale américaine mercredi, puis celles de la Banque centrale européenne jeudi, seront scrutées à la loupe.

Si le calendrier de leurs futures décisions reste incertain, un constat fait l'unanimité: "l'ère de l'argent facile touche à sa fin et le marché va devoir s'y adapter", juge Milan Cutkovic, stratégiste d'AxiTrader.

- Salve de résultats -

Autre incertitude susceptible de peser sur les places boursières, l'évolution de l'euro: la monnaie unique, qui s'échangeait vendredi autour de 1,25 dollar, pourrait grimper jusqu'à 1,28, pronostique M. Cutkovic.

Les opérateurs tenteront de lire l'impact des changes dans une nouvelle salve de résultats d'entreprises, un exercice d'autant plus délicat que la réforme fiscale américaine provoque déjà des décalages comptables importants.

Deutsche Telekom publiera ses comptes en Allemagne, tandis qu'Euronext, Vallourec, Saint-Gobain, Axa et Bouygues dévoileront les leurs à Paris, de même que Lloyds, Barclays, HSBC et RBS, IAG et BAE Systems à Londres.

Au Royaume-Uni, les bilans de ces grands groupes très internationalisés pourraient être une nouvelle fois enjolivés par la baisse de la livre l'an passé, reflet des incertitudes autour du Brexit.

Côté statistiques, les investisseurs garderont un oeil sur les baromètres de confiance ZEW mardi et Ifo jeudi en Allemagne, pour voir si les indicateurs avancés restent au beau fixe, ainsi que sur l'inflation en France publiée jeudi.

A Londres, les chiffres du chômage seront assortis de données sur l'évolution des salaires, toujours très suivies, avant la deuxième estimation de la croissance pour le quatrième trimestre et l'ensemble de 2017.

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