par Bassam Masoud et Humeyra Pamuk

GAZA/WASHINGTON, 8 décembre (Reuters) - Le secrétaire d'Etat américain a déclaré qu'un fossé séparait les intentions déclarées du gouvernement israélien de protéger les civils et le nombre de victimes, la critique la plus sévère prononcée publiquement par Antony Blinken à l'égard de la conduite d'Israël dans le conflit contre le Hamas.

"Alors que cela fait presque une semaine que la campagne dans le sud (de Gaza a commencé), il reste impératif qu'Israël accorde de l'importance à la protection des civils", a dit jeudi Antony Blinken lors d'une conférence de presse organisée après sa rencontre avec le ministre britannique des Affaires étrangères, David Cameron.

"Un fossé persiste entre l'intention de protéger les civils et les résultats que nous observons sur le terrain", a déclaré Antony Blinken.

Israël dit qu'il doit détruire le Hamas en représailles à l'attaque du groupe il y a deux mois, et qu'il fait tout son possible pour mettre les civils hors de danger, notamment en les avertissant de ses opérations militaires.

Le président américain Joe Biden s'est entretenu jeudi par téléphone avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et, lors d'un autre appel, avec le roi Abdallah II de Jordanie.

Joe Biden a "souligné le besoin essentiel de protéger les civils et de séparer la population civile du Hamas, notamment grâce à de corridors qui permettraient aux gens de se déplacer en toute sécurité hors des zones de combat", a dit la Maison blanche.

Selon le porte-parole du ministère de la Santé de Gaza, contrôlé par le Hamas, 17.177 Palestiniens ont été tués et 46.000 blessés depuis le 7 octobre. Achraf al Qidra a indiqué que 350 personnes avaient été tuées jeudi dans la bande de Gaza.

Selon Israël, l'attaque du 7 octobre a fait 1.200 morts tandis que 240 personnes ont été enlevées pour être retenues en otage dans la bande de Gaza.

UN PROJET DE RÉSOLUTION PRÉSENTÉ AU CONSEIL DE SÉCURITÉ DE L'ONU

Les pays arabes ont de nouveau appelé à un cessez-le-feu humanitaire immédiat à Gaza. Les Emirats arabes unis ont demandé au Conseil de sécurité des Nations unies de voter vendredi matin un projet de résolution allant dans ce sens.

Les Etats-Unis, alliés d'Israël, s'opposent à un cessez-le-feu, estimant que cela profiterait au Hamas. Antony Blinken doit rencontrer vendredi des diplomates des pays arabes à Washington.

Le projet de résolution amendé indique que "les populations civiles palestinienne et israélienne doivent être protégées au regard du droit humanitaire international" et "demande la libération immédiate et sans condition de tous les otages".

Un projet de résolution doit obtenir au moins neuf votes et ne pas faire l'objet d'un veto de membres permanents - USA, France, Grande-Bretagne, Russie, Chine - pour être adopté au Conseil de sécurité.

LE POINT DE PASSAGE DE KEREM SHALOM DEVRAIT OUVRIR

Israël a accepté, à la demande des Etats-Unis, d'ouvrir le point de passage de Kerem Shalom à des fins de contrôle et d'inspection de l'aide humanitaire acheminée à Gaza, a déclaré jeudi un haut responsable américain.

L'Egypte et l'Onu ont dit qu'ils appelaient Israël à rouvrir le point de passage de Kerem Shalom - situé à l'intersection d'Israël, de la bande de Gaza et de l'Egypte - afin de permettre l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza.

Le nombre de camions entrant chaque jour dans l'enclave palestinienne est tombé à moins de 100, contre près de 200 lors de la trêve temporaire conclue entre Israël et le Hamas, selon l'Onu.

Le colonel Elad Goren, chef de l'Administration civile israélienne dans les territoires palestiniens (COGAT), a dit aux journalistes: "Nous ouvrirons Kerem Shalom uniquement à des fins d'inspection. Cela devrait intervenir dans les prochains jours."

(Reportage Bassam Masoud à Gaza, Maayan Lubell à Jérusalem, Humeyra Pamuk et Simon Lewis à Washington, Ahmed Mohamed Hassan au Caire, Michelle Nichols aux Nations unies et Gabrielle Tétrault-Farber à Genève, rédigé par Grant McCoo; version française Camille Raynaud)