Les emprunteurs délaissent également de plus en plus le populaire prêt hypothécaire fixe de cinq ans au profit de prêts de deux ou trois ans, afin de se prémunir contre la possibilité que les hausses rapides de taux de la Banque du Canada poussent l'économie en récession et entraînent un autre cycle d'assouplissement.

Plus de la moitié des acheteurs de maison canadiens ont opté pour des prêts hypothécaires à taux variable depuis juillet 2021, car ceux-ci sont devenus moins chers par rapport aux prêts fixes.

Maintenant, cela s'inverse, revenant à la norme historique. Les prêts hypothécaires à taux fixe représentaient 49 % de tous les prêts immobiliers en mai, selon les dernières données de la Banque du Canada, contre 43 % en mars, la proportion la plus faible depuis que la Banque a commencé à suivre ces données en 2013.

James Laird, cofondateur du site de comparaison de taux hypothécaires Ratehub.ca, a déclaré que la tendance s'est poursuivie, estimant que les prêts hypothécaires à taux fixe représentaient plus de la moitié de tous les nouveaux prêts immobiliers en juillet.

"Si (les conditions économiques actuelles) vous empêchent de dormir, la meilleure chose à faire est d'obtenir un prêt hypothécaire à taux fixe et de l'oublier", a déclaré M. Laird.

Les emprunteurs optent de plus en plus pour cette certitude, même si le taux fixe n'est encore qu'un tout petit peu en dessous du pic de 13 ans atteint à la mi-juillet. Cela signifie qu'ils pourraient faire face à des paiements élevés pendant plus longtemps si les taux baissent dans les deux ou trois prochaines années. Le refinancement peut être une option quelque peu coûteuse.

Le taux fixe de cinq ans le mieux escompté est de 4,24 %, tandis que le taux variable est de 3,5 %, l'écart le plus faible depuis septembre, un autre facteur qui pousse davantage d'emprunteurs vers le premier.

Les prêts variables sont liés au taux de référence de la Banque du Canada, qui a augmenté de 2,25 points de pourcentage depuis mars. Les taux fixes évoluent parallèlement aux rendements des obligations à long terme, qui sont tombés en dessous des rendements à court terme, un signe que les marchés craignent une récession.

Michael Driscoll, responsable des institutions financières nord-américaines chez DBRS Morningstar, a déclaré que si l'économie entre en récession en raison de hausses agressives des taux d'intérêt, les emprunteurs à taux fixe seront bloqués dans des paiements plus élevés même si les taux variables baissent, ce qui réduirait leurs dépenses ailleurs.

Bien qu'une augmentation des défauts de paiement et des pertes associées soit inévitable lorsque les taux augmentent rapidement, le système financier ne risque pas d'en souffrir étant donné les capitaux propres importants qui soutiennent ces prêts hypothécaires, a ajouté M. Driscoll.

L'encours des prêts hypothécaires non assurés des plus grandes banques du Canada, qui représentent la majorité de leurs portefeuilles, équivaut à environ 50 % de la valeur des maisons sur lesquelles ils sont adossés, selon leurs derniers états financiers. Le ratio prêt/valeur sur les nouveaux montages est égal ou inférieur à 70 %. Les prêts hypothécaires non assurés exigent une mise de fonds d'au moins 20 %.

Les emprunteurs envisagent également de plus en plus les prêts immobiliers à taux fixe à plus court terme, qui ont généralement été considérés comme plus risqués car ils les exposent à des taux plus élevés à l'expiration, mais l'environnement actuel les rend plus attrayants.

Les prêts hypothécaires de moins de cinq ans représentaient 53 % des prêts immobiliers à taux fixe en mai, contre 51 % en janvier, selon les données de la Banque du Canada.

"En janvier, c'était 'donnez-moi votre taux le plus bas et bloquez-le aussi longtemps que vous le pouvez'", a déclaré Mark Ostland, directeur de l'expérience mobile à la Meridian Credit Union. Mais maintenant, "nous avons des tonnes de conversations, et... définitivement, un terme plus court est dans cette conversation".