À Paris, le CAC 40 perd 1,49% à 4.978,03 points vers 08h25 GMT, au plus bas depuis avril 2017. À Francfort, le Dax cède 2,16% et revient à son niveau de décembre 2016 tandis qu'à Londres, le FTSE 100 recule de 0,87%.

L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en baisse de 1,29%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,45% et le Stoxx 600 de 1,40%, lui aussi au plus bas depuis fin 2016.

Les places européennes creusent ainsi leurs pertes de la veille face au regain d'inquiétude sur le bras de fer entre Bruxelles et Rome sur le budget italien, aux derniers développements de l'affaire du meurtre de l'opposant saoudien Jamal Khashoggi et aux interrogations persistantes sur le Brexit et l'avenir de Theresa May à la tête du gouvernement britannique.

Parallèlement, alors que la saison des résultats bat désormais son plein, plusieurs grands groupes cotés ont fait état soit d'un ralentissement de leur croissance, soit d'une montée des incertitudes entourant leurs prévisions pour la fin 2018 ou pour 2019.

Si la tendance globale à une croissance soutenue des profits n'est pas pour autant remise en cause, les avertissements ou même la prudence contribuent à alimenter le regain général d'aversion au risque.

VALEURS

Emblématique de cette tendance, Atos chute de 20,64%, de loin la plus forte baisse du CAC 40, après avoir revu à la baisse ses prévisions pour l'ensemble de cette année pour prendre en compte un troisième trimestre inférieur aux attentes.

Renault cède quant à lui 2,69%. Le groupe automobile a certes confirmé ses objectifs 2018 mais son chiffre d'affaires a été inférieur aux attentes au troisième trimestre.

Le secteur des hautes technologies, dont l'indice Stoxx recule de 3,82%, souffre quant à lui de la chute de 22,57% du fabricant autrichien de semi-conducteurs AMS, ses prévisions pour le quatrième trimestre ayant déçu les analystes, dont certains s'interrogent désormais sur les objectifs 2019. Dans son sillage, STMicroelectronics perd près de 5%.

Parmi les rares hausses notables, Ingenico prend 0,68%. Le groupe a révisé à la baisse sa prévision d'Ebitda annuel mais il a aussi annoncé une réévaluation de sa stratégie et de sa gouvernance.

EN ASIE

La Bourse de Tokyo a fini en baisse de 2,67%, pénalisée tout à la fois par l'appréciation du yen, par des résultats de sociétés décevants et par le repli des indices chinois après deux séances de rebond.

L'indice large Topix a quant à lui abandonné 2,63% pour inscrire son plus bas en clôture depuis le 26 mars. Ses 33 sous-indices sectoriels ont tous terminé la journée dans le rouge.

En Chine, le SSE Composite de Shanghai a clôturé en recul de 2,26% et le CSI 300 des principales capitalisations de Chine continentale a cédé 2,66%, effaçant une bonne partie des gains enregistrés la veille lors de leur rebond le plus marqué depuis près de trois ans.

"Il y a déjà eu un virage dans la politique officielle et des éléments touchant à la liquidité mais il n'y aucune amélioration concernant le ralentissement de la croissance économique et le conflit commercial sino-américain a renforcé le pessimisme", résume Guosheng Securities dans une note.

À WALL STREET

L'indice Dow Jones et le Standard & Poor's 500 ont fini dans le rouge lundi, abandonnant respectivement 0,5% et 0,43%, pénalisés entre autres par les valeurs de l'énergie et les financières, tandis que le Nasdaq prenait 0,26% grâce au soutien des technologiques.

Goldman Sachs a ainsi perdu 2,36% alors qu'Intel gagnait 2,30%. Le groupe de services et équipements parapétroliers Halliburton a cédé 3% après avoir prévenu qu'il manquerait le consensus au quatrième trimestre.

La séance à venir sera dominée par les résultats de Caterpillar et McDonald's, deux valeurs du Dow.

TAUX

La baisse des actions favorise le repli sur les emprunts d'Etat jugés les plus sûrs et donc la baisse de leurs rendements: celui du Bund allemand à dix ans, référence pour la zone euro, revient autour de 0,43% et le français se rapproche du seuil de 0,8%.

Les rendements italiens, en hausse dans les premiers échanges, sont repartis à la baisse après un article du quotidien Il Messaggero selon lequel le gouvernement de coalition est prêt à ajuster certaines mesures de son projet de budget 2019 si les marchés réagissent défavorablement.

L'écart de rendement ("spread") entre les titres à dix ans italiens et allemands oscille autour de la barre des 300 points de base.

CHANGES

Les incertitudes sur l'Italie pénalisent l'euro, qui s'échange autour de 1,1470 après être revenu en début de séance à 1,1439, non loin de ses plus bas des deux derniers mois.

Les cambistes attendent dans la journée la réponse de la Commission européenne aux explications fournies par Rome sur son projet de budget 2019 et sa prévision de déficit à 2,4% du produit intérieur brut (PIB).

L'exécutif communautaire pourrait demander au gouvernement de Giuseppe Conte de revoir sa copie, ce qui serait une première.

Le dollar abandonne parallèlement 0,1% face à un panier de devises de référence, le regain général d'aversion au risque profitant surtout au yen.

PÉTROLE

Les cours du brut sont repartis à la baisse après la promesse de l'Arabie saoudite de jouer un rôle "responsable" sur les marchés de l'énergie, même si le sentiment général reste fragile à moins de deux semaines de l'entrée en vigueur des sanctions américaines visant l'Iran.

Le Brent retombe sous 79,50 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) sous 69 dollars.

JPMorgan a revu à la hausse sa prévision de cours pour le Brent en 2019, à 83,50 dollars contre 63 dollars auparavant, en mettant en avant "le resserrement de l'offre dû aux sanctions contre l'Iran et à la baisse des capacités excédentaires". Mais d'autres analystes disent s'attendre à une baisse des cours avec l'augmentation continue de la production américaine.

(Avec Andrew Galbraith et Noah Sin; Édité par Véronique Tison)

par Marc Angrand