Ce regain d'aversion au risque se traduit entre autres par une remontée du dollar et par un regain de tension sur les emprunts d'Etat italiens.

A la Bourse de Paris, l'indice CAC 40 affiche un clôture une baisse de 3,76% (170,19 points) à 4.353,72 points, sa plus mauvaise performance depuis le 1er avril. A Londres, le FTSE 100 a perdu 3,34%, à Francfort, le Dax a reculé de 3,9% et à Milan, le FTSE Mib a abandonné 4,78%.

L'indice EuroStoxx 50 a cédé 3,75%, le FTSEurofirst 300 3,22% et le Stoxx 600 3,25%.

Alors que la présentation mardi par le Fonds monétaire international (FMI) de nouvelles prévisions économiques augurant d'une récession brutale n'avait pas ému outre mesure les investisseurs, plusieurs statistiques économiques sont venues les rappeler à la réalité.

Aux Etats-Unis, les ventes au détail ont en effet diminué de 8,7% en avril, leur plus forte baisse depuis au moins 28 ans, conséquence de la fermeture imposée de nombreux commerces visant à freiner l'épidémie de coronavirus.

La production industrielle américaine a parallèlement baissé de 5,4% et la seule production manufacturière accuse un repli de 6,3%, la plus marquée depuis 1946.

Et le mois d'avril s'annonce pire encore: l'indice d'activité "Empire State" de la région de New York s'effondre à -78,2, un niveau sans précédent, contre -21,5 en mars.

En France, les ventes au détail ont chuté de 24% en mars.

"La majeure partie des gains engrangés par les actions européennes depuis la mi-mars étaient alimentés par les plans de sauvetage et, plus récemment, par la stabilisation du rythme des infections, mais les traders doivent désormais affronter la perspective d'une crise économique douloureuse" explique David Maden, analyste de CMC Markets.

VALEURS

La baisse n'a épargné aucun secteur en Europe mais le repli le plus marqué a touché celui du pétrole et du gaz, qui a chuté de 6,3% avec la baisse des cours du brut.

Total a cédé 6,05%, Royal Dutch Shell 6,85% et BP 6,67%. Le groupe parapétrolier TechnipFMC a quant à lui chuté de 11,42%, la pire performance du CAC 40 sur la journée.

Safran et Airbus ont abandonné respectivement 7,22% et 8,67%, conséquence des craintes de multiplication des annulations de commandes.

Parmi les rares hausses du jour, Danone a gagné 1,21% après le relèvement de la recommandation de Credit Suisse à "surperformance".

A WALL STREET

Au moment de la clôture en Europe, Wall Street évoluait elle aussi nettement dans le rouge, le Dow Jones cédant 2,58%, le Standard & Poor's 500 2,7% et le Nasdaq Composite 1,73%.

Bank of America perdait 6,32%, Citigroup 3,76% et Goldman Sachs 0,85% après avoir présenté des résultats trimestriels déprimés par l'augmentation du coût du risque.

CHANGES

Le regain marqué d'aversion au risque bénéficie de nouveau au dollar, valeur refuge et très liquide, qui prend 0,66% face à un panier de devises de référence, après quatre séances consécutives de baisse qui lui avaient fait perdre plus de 1%.

L'euro abandonne 0,6% face au billet vert et retombe sous 1,0925 après un plus bas à 1,0858.

La devise américaine progresse moins contre le yen et le franc suisse, eux aussi recherchés dans les épisodes de tension.

A l'opposé, la baisse du pétrole pénalise la couronne norvégienne et le dollar canadien.

TAUX

Sur les marchés obligataires, les mauvais indicateurs américains du jour alimentent la baisse des rendements: celui des bons du Trésor américain à dix ans recule de plus de dix points de base à 0,6442% et le 30 ans a touché un plus bas de dix jours à 1,264%.

En Europe, le rendement du Bund allemand à dix ans a cédé près de neuf points à -0,465% et son équivalent français près de cinq points à 0,067%.

Les rendements italiens restent au contraire orientés à la hausse, conséquence de la déception provoquée par les récentes décisions des ministres des Finances européens: les BTP à dix ans ont vu leur rendement remonter tout près de 2% et l'écart avec le Bund avoisine de nouveau 240 points, au plus haut depuis quatre semaines.

PÉTROLE

LE marché pétrolier reste orienté à la baisse après les indicateurs américains du jour et l'annonce d'une hausse sans précédent de 19 millions de barils des stocks de brut aux Etats-Unis.

Le Brent abandonne 7,23% à 27,46 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 3,08% à 19,49 dollars.

Avant les statistiques hebdomadaires des stocks américains, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) avait plombé la tendance en estimant que les baisses de production annoncées ces derniers jours ne suffiraient pas à compenser la chute de la demande.

(Marc Angrand, édité par Jean-Michel Bélot)