Les rapports sur les bénéfices, qui débutent mardi, couronnent une année tumultueuse qui a vu l'inflation atteindre des niveaux records depuis des décennies et la Banque du Canada se lancer dans une campagne de resserrement monétaire sans relâche.

En moyenne, les bénéfices des six grandes banques devraient baisser de 4 % par rapport à l'année dernière, en raison de la baisse des activités de banque d'investissement. Les fusions et acquisitions (M&A) au cours des trois mois terminés le 30 septembre ont diminué de près de moitié pour atteindre 22,8 milliards de dollars canadiens (17 milliards de dollars), selon les données de Refinitiv.

Les investisseurs ont déjà baissé les actions bancaires en anticipant un trimestre plus faible, le sous-indice bancaire ayant baissé de 6,8 % depuis le début de l'année, contre une baisse de 4,7 % pour l'indice de référence plus large.

Depuis la première hausse des taux de la Banque du Canada en mars, les six grands ont perdu plus de 63,5 milliards de dollars canadiens de capitalisation boursière.

"La volatilité et la pression accrues sur les marchés boursiers au cours du trimestre fiscal suggèrent que nous pourrions assister à une poursuite de la baisse des revenus de souscription ce trimestre", ont déclaré Joo Ho Kim et Amanda Abraham, analystes de Credit Suisse.

La Banque Royale du Canada et la Banque de Montréal, qui ont les plus grandes activités sur les marchés des capitaux, devraient subir la plus forte baisse de leurs bénéfices.

Cependant, les analystes sont divisés sur l'impact d'un ralentissement de l'économie, car certains indicateurs macroéconomiques indiquent toujours une demande robuste de prêts.

"L'essentiel est que ceux qui cherchent la preuve d'une récession dans ce dernier lot de résultats bancaires seront une fois de plus cruellement déçus", ont déclaré Meny Grauman et Felix Fang de la Banque de Nouvelle-Écosse dans une note.

"Nous continuons de croire qu'une posture défensive reste appropriée" à l'approche de l'exercice 2023, ajoutant qu'ils s'attendent à ce que les conditions de crédit se maintiennent remarquablement bien.

Les hausses de taux de la banque centrale devraient avoir stimulé la marge d'intérêt nette des six principaux créanciers canadiens, une mesure clé de ce que les banques gagnent en prêtant, de près de 8 points de base par rapport à l'année dernière.

"Les prêts aux entreprises ont été particulièrement solides et aidés par la vigueur des soldes à l'extérieur du Canada", ont déclaré Mike Rizvanovic et Abhilash Shashidharan, analystes de KBW.

Au cours des deux premiers mois du trimestre, les prêts ont augmenté de 15 %, a indiqué le Credit Suisse, citant des données du Bureau du surintendant des institutions financières.

Mais une hausse trop importante des taux peut inciter les emprunteurs à dépenser moins et à épargner davantage, ce qui nuit à la demande de prêts. Les banques sont confrontées à une bataille difficile pour naviguer dans une tendance à la baisse du marché du logement, car les coûts d'emprunt plus élevés éliminent les acheteurs potentiels, jetant une ombre sur ce qui est généralement une source de revenus lucrative pour les créanciers.

Les prêts hypothécaires représentent près de 65 % des prêts nationaux des banques.

La Banque Canadienne Impériale de Commerce, le créancier n° 4, dont plus de 50 % du total des prêts sont des prêts hypothécaires domestiques de détail, sera plus durement touchée que ses pairs, selon les analystes.

Cependant, certains signes indiquent que la Banque du Canada pourrait bientôt approcher de la fin de son cycle de hausse des taux faucons, ce qui pourrait stabiliser le marché du logement et stimuler la demande globale de crédit.

Les provisions pour créances douteuses des banques au quatrième trimestre devraient presque tripler par rapport à l'année dernière, et leurs prévisions pour 2023 seront un élément clé à un moment où les investisseurs sanctionnent les actions au moindre signe de fissure dans la santé financière des consommateurs.

Les analystes de Cormark s'attendent à ce que la Banque de Nouvelle-Écosse, qui a été plus agressive que ses pairs en libérant des réserves pendant la pandémie, accélère la reconstitution des provisions pour créances douteuses à mesure que les difficultés persistent.

La Banque Nationale du Canada et la Banque Toronto-Dominion, qui font également partie des Six Grands, publieront leurs résultats mercredi et vendredi, respectivement.

(1 $ = 1,3426 dollar canadien)