* Israël et le Hamas affirment qu'aucun cessez-le-feu n'a été conclu

* Gaza a traversé une nouvelle nuit de bombardements

* Des sirènes retentissent dans le sud d'Israël

par Nidal al-Mughrabi, Dan Williams et Humeyra Pamuk

GAZA/JÉRUSALEM/CAIRE, 16 octobre (Reuters) - Les forces israéliennes poursuivent lundi leurs bombardements sur la bande de Gaza après l'échec des efforts diplomatiques visant à instaurer un cessez-le-feu dans le sud pour permettre aux détenteurs de passeports étrangers de quitter l'enclave palestinienne assiégée et d'y acheminer de l'aide.

Selon les habitants de la bande de Gaza, enclave contrôlée par le Hamas, les frappes de la nuit ont été les plus intenses en neuf jours de conflit et alors qu'une offensive terrestre israélienne est en préparation.

De nombreuses maisons ont été détruites et le nombre de morts continue de grimper.

Des efforts diplomatiques ont été déployés pour acheminer de l'aide dans l'enclave, qui subit des bombardements israéliens incessants depuis l'attaque du 7 octobre du Hamas contre Israël, la plus meurtrière des 75 ans d'histoire de l'État hébreu qui a fait plus de 1.300 morts.

Cependant, le porte-parole de l'armée israélienne, le contre-amiral Daniel Hagari, a déclaré qu'il n'y avait pas de cessez-le-feu dans le sud de Gaza et qu'Israël poursuivait ses opérations.

"Il n'y a pas d'efforts en cours à l'heure actuelle. Si quelque chose change, nous en informerons le public. Nous poursuivons notre lutte contre le Hamas, cette organisation meurtrière qui a perpétré ces attaques", a-t-il dit.

Israël a imposé un blocus total et prépare une invasion terrestre pour entrer dans Gaza et détruire le Hamas, qui a continué à tirer des roquettes sur Israël depuis son assaut transfrontalier.

Des sirènes d'alerte à la roquette ont retenti lundi dans plusieurs villes du sud d'Israël, selon l'armée israélienne.

Les troupes et les chars israéliens sont déjà massés à la frontière.

Au moins 2.750 personnes, dont un quart d'enfants, ont été tuées jusqu'à présent par les frappes israéliennes, et près de 10.000 ont été blessées, selon les autorités de Gaza.

Un millier de personnes sont portées disparues et se trouveraient sous les décombres.

SITUATION CONFUSE À RAFAH

Alors que la crise humanitaire s'aggrave, avec une pénurie de nourriture, de carburant et d'eau, des centaines de tonnes d'aide provenant de plusieurs pays ont été bloquées en Égypte dans l'attente d'un accord pour leur acheminement vers Gaza et l'évacuation de certains détenteurs de passeports étrangers par le poste-frontière de Rafah.

Des sources de sécurité égyptiennes ont déclaré plus tôt lundi à Reuters qu'un accord avait été conclu pour ouvrir le point de passage, mais le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a démenti cette information.

"Il n'y a actuellement pas de trêve ni d'aide humanitaire à Gaza en échange du départ des étrangers", a-t-il déclaré dans un communiqué.

Un responsable du Hamas, Izzat El Reshiq, a déclaré à Reuters qu'il n'y avait "aucune vérité" dans les informations concernant l'ouverture du poste-frontière avec l'Égypte ou un cessez-le-feu temporaire.

Selon Le Caire, le point de passage de Rafah est resté ouvert du côté égyptien ces derniers jours, mais les bombardements israéliens l'ont rendu inopérant du côté palestinien.

Le ministre égyptien des Affaires étrangères, Sameh Shoukry, a déclaré lundi que le gouvernement israélien n'avait pas encore adopté une position permettant son ouverture.

Des journalistes de Reuters ont rapporté qu'une petite foule de personnes s'était rassemblée à Rafah, le seul point de passage frontalier non contrôlé par Israël, dans l'attente d'une entrée en Égypte.

Les États-Unis ont demandé à leurs ressortissants à Gaza de se rapprocher du point de passage afin de pouvoir sortir.

Entre 500 ou 600 binationaux palestino-américains se trouveraient dans l'enclave, selon le gouvernement américain.

Le président américain Joe Biden a envoyé des soutiens militaires à Israël, tout en soulignant la nécessité d'apporter une aide humanitaire aux civils palestiniens et exhortant Israël à respecter le "droit de la guerre" dans sa réponse.

BOMBARDEMENTS INTENSIFS

L'aviation israélienne a bombardé lundi des zones autour de l'hôpital Al Quds de la ville de Gaza et les ambulances de l'établissement n'ont pas pu se déplacer en raison des frappes, ont rapporté les médias palestiniens.

Israël a exhorté les habitants de Gaza d'évacuer vers le sud, ce que des centaines de milliers d'entre eux ont déjà fait dans l'enclave, qui compte environ 2,3 millions d'habitants.

Le Hamas a demandé à la population d'ignorer les demandes d'évacuation d'Israël.

Les réserves de carburant dans tous les hôpitaux de la bande de Gaza devraient manquer dans 24 heures, ce qui met en danger des milliers de patients, a dit lundi le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA).

À Tel Al Hawa, un quartier de la ville de Gaza, les avions israéliens ont bombardé une route principale et endommagé les maisons environnantes, forçant des centaines d'habitants à se réfugier dans l'hôpital Al Quds du Croissant-Rouge palestinien, ont indiqué des résidents.

Des avions israéliens ont également bombardé trois sièges du Service des urgences civiles et des ambulances dans la ville de Gaza, tuant cinq personnes et paralysant les services de secours dans ces zones, selon des responsables de la santé.

Cinq membres d'une même famille ont été tués lors du bombardement d'une maison appartenant à la famille Abu Mustafa dans le camp de réfugiés de Khan Younis.

Selon les Nations unies, plus d'un million de personnes, soit près de la moitié de la population totale de Gaza, ont été déplacées à l'intérieur de l'enclave.

L'UNWRA, l'agence de l'Onu chargée des réfugiés, a déclaré avoir du mal à répondre aux besoins des Gazaouis.

Pour le cinquième jour consécutif, Gaza n'a pas d'électricité, ce qui met les services essentiels comme la santé, l'eau et l'assainissement au bord de l'effondrement et aggrave l'insécurité alimentaire.

BLINKEN EN ISRAËL

Des responsables américains ont prévenu que la guerre entre Israël et le Hamas pourrait s'intensifier après les affrontements transfrontaliers entre Israël et la milice libanaise Hezbollah, soutenue par l'Iran.

Alors que le secrétaire d'État américain Antony Blinken arrivait en Israël lundi, l'Iran a déclaré que les États-Unis devraient être tenus responsables de leur rôle dans le conflit.

Des navires de guerre américains ont fait route vers la région et Israël a déclaré lundi qu'il évacuerait les habitants de 28 villages situés à la frontière avec le Liban, après une attaque au missile du Hezbollah dimanche.

Les médias israéliens ont indiqué qu'un civil avait été tué lors de cette attaque.

Le journaliste de Reuters Issam Abdallah a été tué vendredi dans le sud du Liban où il travaillait.

Selon le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, les États-Unis ne disposent d'aucune indication selon laquelle des membres du Hezbollah se rassemblent à la frontière en vue d'une éventuelle attaque contre Israël.

(Reportage Nidal al-Mughrabi à Gaza, Ari Rabinovitch, Dan Williams, Henriette Chacar, Dedi Hayun, Maayan Lubell, Emily Rose, James Mackenzie et John Davison à Jérusalem, Parisa Hafezi à Dubaï, Humeyra Pamuk, Hatem Maher, Ahmed Tolba et Omar Abdel-Razek au Caire, Nandita Bose, Rami Ayyub et Katharine Jackson à Washington, Michelle Nichols aux Nations unies ; rédigé par Angus MacSwan, version française Diana Mandiá, édité par Kate Entringer)