Les tickers, ce sont ces petits codes qui désignent une valeur à la place de son nom. En France, on appelle ça des codes mnémoniques, un joli adjectif qui désigne un moyen facilitant la conservation ou le rappel des souvenirs. Sur le NYSE américain, les tickers ont 4 lettres maximum. Sur le Nasdaq, c'est 5. Par exemple, le ticker de Johnson & Johnson est JNJ. Celui de Microsoft, MSFT. Les grands anciens bénéficient des lettres d'origine. F pour Ford, par exemple. En France, LVMH a pour code MC (héritage de Moët & Chandon) et Air Liquide AI. Parfois, ce code évolue. Quand Total s'est rebaptisé TotalEnergies, son code mnémonique est passé de FP (qui j'imagine provenait de la Française des Pétroles) à TTE.

Pour continuer notre petit cours sur les tickers / mnémoniques, on retrouve parfois des codes plus compliqués. Par exemple aux Etats-Unis, Berkshire Hathaway a deux codes : BRK.A et BRK.B. Le premier désigne l'action d'origine, qui cote un montant astronomique. Le second concerne l'action plus abordable, celle du menu fretin. Même topo chez Lindt. Le chocolatier suisse a deux lignes de cotation : l'action, avec son ticker LISN et le bon de participation, plus abordable, avec LISP.

Le code peut aussi aider à référencer la société sur un marché. Sur Euronext, les actions qui cotent sur Euronext Growth commencent par AL plus une combinaison de lettres et parfois de chiffres. La société Roctool a ainsi pour mnémonique ALROC. Le terme "AL" vient de l'ancien nom d'Euronext Growth, qui s'appelait Alternext. Même chose pour Euronext Access à Paris, dont les codes commencent par ML, parce que c'est l'ancien Marché Libre. Quand une société passe de ces marchés au marché réglementé, elle perd son préfixe. Solutions 30 avait pour code ALS30 quand elle évoluait sur Euronext Growth. Désormais, c'est S30.

Si vous voulez connaître l'histoire des tickers, lisez ce qui suit. Sinon, sautez directement au chapitre d'après.

Mais d'où venez-vous, les tickers ?

L'histoire des tickers boursiers remonte à la fin du XIXe siècle, lorsqu'ils ont été inventés par Edward A. Calahan, un employé de la Western Union Telegraph Company. Le ticker boursier, une machine qui transmettait les informations sur les prix des actions par télégraphe, a révolutionné le monde de la finance en permettant aux investisseurs d'obtenir des informations en temps réel sur les mouvements du marché. C'était pas internet quand même, faut pas pousser, mais c'était révolutionnaire pour l'époque. Le premier ticker boursier a été installé à la Bourse de New York en 1867. Il utilisait un code Morse pour transmettre les informations sur les transactions, qui étaient ensuite imprimées sur une bande de papier. A l'origine, le mot ticker vient du bruit de tic-tic-tic que faisait la machine en imprimant.

Hors des Etats-Unis, les tickers boursiers peuvent varier en fonction des normes de chaque pays. Par exemple, au Royaume-Uni et en Australie, les tickers sont généralement composés de trois lettres. En Europe continentale, les tickers peuvent être plus longs et inclure des chiffres. Par exemple, le ticker de Volkswagen sur la bourse de Francfort est "VOW3". En Asie, les tickers sont généralement composés de chiffres. Ainsi, le ticker de Toyota Motor sur la Bourse de Tokyo est "7203". En Chine, les tickers sont généralement composés de six chiffres.

Le Portefeuille Tickers Stylés©

Voici une présentation synthétique de 15 actions cotées avec des tickers qui ont du sens. Elles sont classées par ordre alphabétique, et du coup on démarre avec du très lourd et du très vulgaire (le ticker est entre parenthèses).

  • Bite Acquisition (BITE) : là, on a la luxure et l'appât du gain en même temps. Un SPAC avec un nom vulgaire en français. BITE n'a encore trouvé chaussure à son pied, ce qui signifie, au-delà d'une image difficile à assumer, que le SPAC n'a pas fusionné avec une société non cotée pour lui permettre de profiter d'une entrée en bourse au rabais.
  • Canopy Growth (WEED) : on passe à la botanique. WEED en anglais c'est la mauvaise herbe. Mais c'est aussi la bonne herbe, selon le point de vue. La marijuana, le cannabis. Canopy est un champion canadien de la fumette. Mais pas trop de la bourse, malgré un sursaut récent. L'âge d'or financier de la dépénalisation de l'herbe a souvent abouti à des déceptions. Canopy aura quand même réussi à attraper le meilleur ticker de la profession.
  • Cedar Fair (FUN) : l'américain est propriétaire de parcs d'attraction et du ticker FUN. 28 millions de visiteurs annuels quand même tous parcs confondus, pour environ 1,3 Md$ de chiffre d'affaires. A titre d'exemple, Disneyland Paris attire 15 millions de touristes par an.
  • DMC Global (BOOM) : une idée de l'activité de la société ? Les explosifs ! DMC exerce dans plusieurs activités, mais son cœur de métier est constitué de produits explosifs perforants, notamment dans le domaine de l'exploration pétrolière. D'où le boom.
  • Ferrari (RACE) : personne n'avait adopté le ticker RACE jusqu'à l'entrée en bourse de l'entreprise italienne qui produit les fameuses voitures de sport en 2015. Race, c'est course en anglais.
  • Franklin Resources (BEN) : comme son nom ne l'indique pas forcément, il s'agit d'une grosse entreprise de gestion américaine. Elle opère généralement sous le patronyme Franklin Templeton Investments. Son ticker BEN est un clin d'œil à Benjamin Franklin. En 1947, le fondateur du groupe financier, Rupert Johnson, a baptisé la société en l'honneur du père fondateur des Etats-Unis, car il "incarnait les idées de frugalité et de prudence lorsqu'il s'agissait d'épargner et d'investir", selon les explications de la firme.
  • Harley-Davidson (HOG) : Hog est synonyme de grosse moto aux Etats-Unis, donc de Harley Davidson. En même temps, ce terme est devenu synonyme de grosse moto à cause de Harley. Dans les années 1920, l'équipe de course Harley-Davidson avait un cochon (ou "hog" en anglais) comme mascotte. Après chaque victoire, ils faisaient un tour d'honneur avec le cochon sur leurs motos. La légende est née avant le ticker. HOG a permis par la suite de créer l'acronyme "Harley Owners Group", l'association planétaire des propriétaires de Harley Davidson.
  • LDC (LOUP) : généralement, le loup est dans la bergerie. Mais il fréquente aussi le poulailler, si l'on en croit le leader européen des volailles. LDC est l'acronyme de Lambert, Dodard, Chancereul, alors pas la peine de crier au LOUP. Avec un chiffre d'affaires de 5,85 Mds€ en 2022 et une capitalisation de 2,5 Mds€, LDC est la seconde plus grosse entreprise de l'agroalimentaire cotée en bourse, derrière Danone mais devant Unibel, Savencia ou Bonduelle, sauf si j'ai oublié quelqu'un.
  • Meta Platforms (META) : Mark Zuckerberg a beau être lunaire et plutôt inquiétant, il a souvent du nez. Rebaptiser Facebook en Meta et faire main basse sur le ticker éponyme lui permet de revendiquer une forme de paternité du Metaverse. Ça n'a pas l'air des plus utile pour le moment, mais sait-on jamais.
  • National Beverage (FIZZ) : le groupe vend des boissons gazeuses aux Etats-Unis, notamment des eaux pétillantes aromatisées sous marque LaCroix. Le ticker FIZZ (pétillant en anglais) est tout à fait approprié.
  • Olympic Steel (ZEUS) : la distribution de produits métalliques n'a pas grand-chose d'une activité divine, mais les dirigeants de la société de l'Ohio ont de l'humour. Si le plus puissant des dieux de l'Olympe cherchait à entrer en bourse, il lui faudrait trouver un autre ticker. Ou pulvériser Olympic Steel avec un éclair.
  • Papa John's International (PZZA) : sur le Nasdaq, Papa John's aurait pu revendiquer le ticker à 5 lettres PIZZA. Mais sur le NYSE, la chaîne de pizzerias américaine a dû se contenter de PZZA. Phonétiquement en anglais, ça fonctionne aussi.
  • Petco Health and Wellness (WOOF) : l'animalerie a préempté le ticker synonyme d'aboiement aux Etats-Unis. Si la société avait été française, elle aurait sûrement eu pour ticker OUAF.  
  • Publicis Groupe (PUB) : en l'occurrence le nom de l'entreprise colle parfaitement avec le ticker. L'agence de communication n'a pas eu besoin d'une grande créativité. C'est le fondateur Marcel Bleustein qui a trouvé le nom en 1926, à partir de "Publi" pour publicité et "cis" pour le 6 de 1926 et celui de 1906, la date de naissance du Bleustein.
  • The Cheesecake Factory (CAKE) : encore une chaîne de restauration américaine. Elle est spécialisée dans la tête de veau ravigote les cheesecakes, à travers un réseau de 320 magasins aux Etats-Unis et au Canada. En réalité, les restaurants proposent une vaste carte de cuisine du monde, dont des cheesecakes en hommage au couple fondateur Overton, dont le rejeton dirige toujours l'entreprise.

Bilan

Le Portefeuille Tickers Stylés© a progressé de 30% en trois ans, emmené par Olympic Steel, Publicis et Ferrari, en dépit des performances horribles de Canopy et Petco. Dans le même temps, le MSCI World a gagné 23%.

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