PARIS (awp/afp) - Les marchés boursiers laissent derrière eux une semaine sans grande tendance mais le regain de tension géopolitique dans la région du Golfe, qui vient s'ajouter aux risques pesant sur la croissance, captera l'attention des investisseurs en attendant le G20.

Cette recrudescence d'instabilité géopolitique a fait monter les prix du pétrole sans entraîner pour autant de mouvement colossal sur les marchés.

Depuis les attaques jeudi contre deux tankers en mer d'Oman, que Washington attribue à Téhéran, "les investisseurs vont suivre d'une part le conflit potentiel avec l'Iran, dont la devise s'est énormément dépréciée, et, d'autre part, les relations sino-américaines", indique à l'AFP Jean-Jacques Ohana, responsable de la gestion d'actifs chez YCAP AM.

Alors que le contentieux commercial persiste entre la Chine et les Etats-Unis, "il va y avoir un sprint sur la dernière quinzaine de juin pour voir si un accord entre les deux superpuissances est possible lors de l'entrevue entre Donald Trump et son homologue chinois, Xi Jinping, fin juin" au Japon, en marge du sommet du G20, souligne le spécialiste.

"Le marché va se focaliser de plus en plus sur cette réunion clé. Si un accord définitif semble hors de portée, il est possible qu'un accord partiel permette une trêve et fasse rebondir encore plus les marchés", estime-t-il.

Après "une semaine sans tendance menée par la géopolitique et trois grosses opérations de fusion-acquisition (NDLR: Dassault Systèmes/Medidata, Raytheon/United Technologies et Tableau Software/Salesforce), le marché attend désormais le G20", observe aussi de son côté Aymeric Diday, directeur de la gestion chez Pergam.

Malgré ses déboires, le scénario d'une fusion entre le constructeur français Renault et le groupe Fiat Chrysler (FCA) va, quant à lui, "continuer à animer le marché parisien les prochaines semaines", prévoit M. Diday, qui parie sur une "relance des négociations" avec le patron de FCA, Michael Manley.

Sur le plan macroéconomique, les investisseurs ont pris connaissance de nouveaux chiffres chinois décevants, avec une production industrielle chinoise au plus bas depuis 17 ans.

Entre G20, Fed et pétrole

Dans ce contexte préoccupant, les indicateurs avancés PMI, précurseurs de tendance, seront très regardés en Europe vendredi.

Le marché londonien aura fort à faire avec les chiffres d'inflation et de ventes au détail pour mai. Il seront particulièrement scrutés après d'autres indicateurs témoignant d'un sévère essoufflement de l'activité économique au deuxième trimestre en pleine incertitude autour du Brexit. Enfin, la Banque d'Angleterre (BoE) va dévoiler jeudi les conclusions de sa politique monétaire.

La semaine prochaine, les investisseurs pourraient être frappés de strabisme en ayant les yeux tournés à la fois vers Washington, avec la réunion très attendue de la Fed qui devra décider du niveau des taux, et vers Sintra, au Portugal, où la BCE tiendra son séminaire annuel de réflexion mardi et mercredi.

Les commentaires de son président, Mario Draghi, seront épiés alors que la BCE a décidé début juin de repousser l'heure de relever ses taux, face à une croissance et une inflation affaiblies, tout en n'excluant pas de les baisser encore.

"Les marchés boursiers montrent une résilience face à des risques de toute nature, qui ne cessent de s'accumuler", que ce soit sur le crédit, les matières premières, la détérioration de la croissance mondiale ou encore la géopolitique, observe Jean-Jacques Ohana.

Cependant, une hausse soutenue des prix du pétrole pourrait, selon lui, "compromettre la capacité des banquiers centraux à baisser les taux pour la Fed et être accommodante pour la BCE".

L'expert anticipe qu'"en juin, la Fed va plutôt attendre de voir s'il y a un accord au moins partiel" entre Pékin et Washington avant d'agir.

Mais, "en cas de poursuite de la guerre commerciale, une baisse des taux de la Fed fin juillet ne serait pas suffisante pour soutenir le marché actions", estime-t-il.

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