(Actualise avec appel devant la Cour suprême)

BANJUL, 13 décembre (Reuters) - Une délégation de chefs d'Etat africains s'est rendue en Gambie mardi pour exhorter le président sortant, Yahya Jammeh, à respecter la volonté de ses concitoyens et à céder le pouvoir après sa défaite électorale du 1er décembre.

Le chef de l'Etat, au pouvoir depuis 22 ans, a dans un premier temps reconnu la victoire de son adversaire Adama Barrow, avant de rejeter le résultat du scrutin.

Son parti a, comme il l'avait annoncé, fait appel mardi devant la Cour suprême arguant d'irrégularités "qui ont sérieusement nui à la crédibilité du résultat (...) le rendant nul".

A Banjul, les forces de l'ordre ont pris le contrôle du siège de la commission électorale indépendante et interdisent aux employés d'accéder au bâtiment, a rapporté son président, Alieu Momarr Njai, qui a été prié de quitter les lieux.

La présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, lauréate du prix Nobel de la paix 2011, est accompagnée de ses homologues du Nigeria, Muhammadu Buhari, de Sierra-Leone, Ernest Bai Koroma, et du Ghana, John Mahama, qui a lui-même été battu la semaine dernière à la présidentielle et a reconnu sa défaite.

Ils se sont rendus sur place à la demande de la Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cedeao), dont Ellen Johnson Sirleaf est la présidente en exercice.

"Nous espérons que la volonté du peuple prévaudra", a-t-elle déclaré à la presse à son arrivée à Banjul. Yahya Jammeh a été très réceptif au message des médiateurs, a déclaré Muhammadu Buhari à l'issue de l'entretien au palais présidentiel.

Interrogé sur l'antenne de Radio France Internationale, Marcel de Souza, président de la commission de la Cedeao, avait auparavant jugé possible un recours à la force. Pour le Sénégal, dans lequel la Gambie est enclavée, la médiation de la Cedeao est "une mission de la dernière chance".

La délégation devait également rencontrer dans la journée Adama Barrow. Le président élu a promis notamment de dissoudre la république islamique proclamée par Yahya Jammeh, dont le régime a de longue date été dénoncé par les organisations de défense des droits de l'homme pour le meurtre d'opposants politiques, l'usage de la torture et des détentions arbitraires. (Edward McAllister, Eric Faye et Gilles Trequesser pour le service français)