Genève (awp) - Alors que Nestlé Waters vient de lancer en grandes pompes un programme de régénération des cycles de l'eau sur sa cinquantaine de sites, des voix s'élèvent pour dénoncer le recyclage du projet qui concerne celle de la source Vittel. Les travaux avaient en effet commencé en 2019.

Mis en avant lors du lancement officiel de l'initiative mardi dernier, le projet vosgien suscite la réaction d'une association locale. La renaturation du Petit Vair, qui traverse la commune de Vittel et qui selon le quotidien Vosges matin "n'est pas dans une grande forme", avait en fait déjà débuté il y a deux ans.

Bernard Schmitt, membre du collectif eau 88, dénonce le recyclage de ce qui constituait alors des mesures compensatoires liées à des travaux d'agrandissement de l'usine de Vittel, et qui avaient fait l'objet d'une enquête publique par la préfecture des Vosges la même année.

"Nestlé a détruit une zone humide il y a 15 ans. En compensation, le groupe s'est engagé vis-à-vis de l'Etat à renaturer une partie du ruisseau le Petit Vair. Ce n'est donc rien de nouveau, ils cherchent juste à le valoriser aujourd'hui", affirme l'activiste.

Un article paru en novembre 2019 de Vosges Matin explique en effet qu'Agrivair, la filiale de Nestlé Waters, avait présenté un projet de renaturation de la rivière "après douze ans de discussions, de négociations et de changements de législation".

Un projet qui a plus d'une dizaine d'années donc, et dont le coût avait été évalué à l'époque à 300'000 euros (329'000 francs suisses). La responsable en communication du minéralier, Audrey Roques, précise que Nestlé a tenu à dépasser les 400 mètres du cadre règlementaire pour étendre les travaux sur deux kilomètres.

Au-delà des questions d'images, la préservation de ressources constitue pour Nestlé Waters un véritable enjeu existenciel. Aujourd'hui plus que jamais, "les minéraliers sont très dépendants de la durabilité de leurs écosystèmes", estime Géraldine Pflieger, professeure associée en politiques urbaines et de l'environnement à l'Université de Genève.

"D'abord parce que cela va assurer la pérennité de leurs exploitations. Mais aussi parce qu'il est très important pour eux d'avoir une image propre, poursuit-elle.

"C'est un marché sous tension. Les eaux minérales ont certes encore de beaux jours devant elles dans les pays du Sud, notamment en Amérique latine et en Afrique, du fait de la méfiance vis-à-vis des réseaux d'eau potable. Mais dans les pays du Nord, le message environnemental est passé, et la consommation stagne".

Affectées notamment par la crise du Covid-19, les ventes mondiales en eau du paquebot alimentaire ont chuté de 13% sur un an en 2020.

nj/jh