PARIS, 15 novembre (Reuters) - L'amélioration de la gestion des arrêts pour maintenance des réacteurs nucléaires d'EDF à travers son plan "Start 2025" sera un facteur clé du rebond de sa production au cours des années à venir, a déclaré mercredi le directeur du parc nucléaire français de l'électricien public.

Alors que la production nucléaire française s'est établie en 2022 à son niveau le plus faible depuis 1988, à 279 térawatts-heure (TWh), en raison de nombreuses opérations de maintenance classiques et de problèmes de corrosion inédits, EDF ambitionne de la faire remonter jusqu'à 400 TWh à l'horizon de 2030, en deçà cependant du record historique de 430 TWh établi en 2005.

Le groupe souligne en particulier qu'il doit faire face à "une charge industrielle inédite depuis la construction du parc", notamment pour répondre aux demandes de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) dans le cadre de la poursuite d'exploitation du parc français au-delà de 40 ans.

"On n'est plus (...) dans le même schéma industriel que ce que nous avons connu autrefois, et cela influe sur notre capacité à produire. Mais ça ne nous empêche pas d'être extrêmement motivés et mobilisés pour atteindre les 400 TWh, et Start 2025 est un élément clé pour y contribuer", a déclaré Etienne Dutheil, le directeur du parc nucléaire, lors d'une conférence de presse.

Selon lui, la réduction des durées d'arrêts, dans le cadre du projet "Start 2025", passera par des objectifs de résultats fixés par sites, la constitution d'équipes mutualisées dédiées à ces arrêts, le renforcement des compétences - avec notamment la réinternalisation de certaines activités telles que le soudage - ou encore une approche plus industrielle de la préparation et de la réalisation des travaux.

EDF, qui fait état d'un montant de 4,7 milliards d'euros investis chaque année dans la maintenance du parc français, a confirmé mercredi ses objectifs de production. Le groupe vise ainsi toujours 300 à 330 TWh cette année, 315 à 345 TWh en 2024 et 335 à 365 TWh en 2025 sans tenir compte pour le moment de l'EPR de Flamanville (Manche), dont le démarrage est prévu au premier trimestre 2024.

Son PDG, Luc Rémont, a souligné mardi que la capacité d'EDF à redresser sa production était l'un des facteurs clés de son futur équilibre financier dans le cadre du projet gouvernemental de nouvelle régulation de l'électricité, qui prévoit une taxation des revenus de l'entreprise afin d'assurer une stabilité des prix aux consommateurs.

EDF a dû revoir à plusieurs reprises ses calendriers pluriannuels d'arrêts pour maintenance ces dernières années en raison de l'impact de la pandémie de COVID-19 et des problèmes dits de "corrosion sous contrainte" (CSC) détectés sur certains réacteurs.

"Il nous reste en 2024 encore beaucoup de contrôles à réaliser (liés à la CSC), des contrôles qui donneront lieu ou pas à des travaux de remplacement. Et puis on devrait en sortir en 2025", a déclaré Etienne Dutheil. (Reportage Benjamin Mallet ; édité par Tangi Salaün)