(Actualisé avec citations supplémentaires, Barnier et contexte)

PARIS, 19 mars (Reuters) - La France est prête à s'opposer seule si nécessaire à une demande de report de la date du Brexit qui ne serait pas justifiée, ouvrant la possibilité d'une sortie désordonnée du Royaume-Uni de l'Union européenne.

A dix jours du 29 mars, date prévue du Brexit, la Première ministre britannique cherche un moyen de surmonter l'opposition du speaker de la Chambre de communes à une troisième tentative de ratification de l'accord de retrait négocié avec l'Union.

Selon son porte-parole, Theresa May demandera ce mardi ou mercredi un report d'au moins trois mois de la date du Brexit au président du Conseil européen, Donald Tusk, pour examen jeudi au Conseil.

Pour être acceptée par les 27 autres chefs d'Etat et de gouvernement, toute demande de report devra être justifiée, comporter un plan susceptible de rallier une majorité au Parlement britannique et garantir les intérêts européens, a déclaré mardi une source à la présidence française, répétant les exigences exprimées depuis plusieurs semaines par Paris.

S’il n’y a ni vote de l'accord de retrait au Parlement britannique ni proposition alternative crédible, "on s’orientera mécaniquement sur le chemin du 'no deal'", a-t-elle ajouté.

La source a refusé de confirmer que les dirigeants européens pourraient décider de renvoyer à la semaine suivante une décision sur une extension mais elle n'a pas écarté cette hypothèse. L'unanimité des Vingt-Sept est requise pour un tel report.

Alors que d'autres capitales mettent en avant leur volonté d'oeuvrer jusqu'à la dernière minute pour éviter une sortie désordonnée du Royaume-Uni le 29 mars, la France s'illustre par la clarté de ses mises en garde et n'exclut pas de s'opposer seule à une demande d'extension insuffisamment motivée.

"L’objectif est d’essayer d’avoir le consensus le plus grand possible autour de la table des Vingt-Sept", a répondu la source à la question de savoir si la France pourrait mettre son veto au Conseil. "Je pense, oui, que si les conditions ne sont pas réunies, c’est un scénario possible", a-t-elle ajouté.

Ni la France, ni aucun autre Etat européen ne souhaite que le Royaume-Uni quitte l'Union brutalement le 29 mars et "tout a été fait pour éviter un scénario de sortie désordonnée", a dit la source. "Mais il s’imposerait à nous s’il n’y a pas une vraie alternative construite dans les tout prochains jours et même les prochaines heures".

Un report au-delà du 29 mars n'aura de sens que s'il accroît les chances de ratification de l'accord de retrait, a averti mardi le négociateur en chef de l'UE, Michel Barnier.

"Est-ce qu'une extension augmente les chances de ratification de l'accord de retrait ? Quels seraient l'objectif et le résultat ? Comment pouvons-nous être sûrs qu'à la fin d'une éventuelle extension, nous ne serons pas revenus à la situation actuelle ?", s'est-il interrogé lors d'une conférence de presse. (Jean-Baptiste Vey, édité par Yves Clarisse)