par Richard Cowan

WASHINGTON, 4 août (Reuters) - Le Congrès américain a entamé jeudi une pause estivale de cinq semaines et les élus de la majorité républicaine ont déserté le Capitole sans avoir atteint aucun des grands objectifs qu'ils s'étaient fixés il y a plus de six mois lors de l'arrivée de Donald Trump à la Maison blanche.

Revenus dans leurs circonscriptions, les 292 représentants et sénateurs du Grand Old Party vont devoir expliquer à leurs électeurs pourquoi ils n'ont pas tenu leurs promesses d'abroger l'Obamacare, de réformer les impôts ou de lancer le programme de grands travaux promis par le président, alors même qu'ils contrôlent à la fois la Maison blanche et le Congrès.

Préoccupé par l'enquête sur des soupçons de collusion entre son équipe de campagne et la Russie, entre autres nombreux sujets qu'il commente sur son compte Twitter, Donald Trump n'a présenté aucun grand projet législatif depuis son investiture le 20 janvier dernier.

Certains républicains redoutent déjà d'être sanctionnés pour leur inaction lors des élections parlementaires de mi-mandat en novembre 2018.

Le fait de ne pas avoir réussi à abroger l'Obamacare, la réforme de l'assurance-santé adoptée en 2010 sous la présidence de Barack Obama, sera "difficile à expliquer à la base", a récemment estimé dans une interview l'ancien chef de la majorité démocrate au Sénat Tom Daschle.

La principale réalisation dont se prévaut le GOP est d'avoir nommé le conservateur Neil Gorsuch à la Cour suprême en avril dernier. Le Congrès a également supprimé 14 réglementations héritées de l'ancienne administration démocrate.

CHANTIER BUDGÉTAIRE

Au cours de la semaine écoulée, les parlementaires ont adopté un nouveau train de sanctions contre la Russie, l'Iran et la Corée du Nord, une loi promulguée avec beaucoup de réticences par Donald Trump.

Le Sénat a également confirmé la nomination d'un nouveau directeur du FBI, Christopher Wray, pour remplacer James Comey, limogé par le président en mai dernier.

Mais Tim Scott, sénateur républicain de Caroline du Sud, reconnaît que son parti "n'a pas été bon sur les gros dossiers".

Lors de la rentrée parlementaire, fixée au 5 septembre, les républicains comptent concentrer leurs efforts sur la réforme fiscale, qui suscite de profondes divergences au sein du parti et dont rien n'a filtré pour l'instant.

Les parlementaires n'ont également lancé aucun projet visant à financer la reconstruction de routes, de ponts, d'aéroports et autres infrastructures, l'une des grandes promesses de campagne du chef de la Maison blanche.

La sénatrice démocrate du Dakota du Nord Heidi Heitkamp note toutefois que Donald Trump reste populaire parmi les électeurs de son Etat, où le promoteur immobilier s'est imposé lors de l'élection présidentielle du 8 novembre.

"Ils sont satisfaits qu'on soit revenu sur ce que tout le monde considérait comme des réglementations onéreuses contre l'industrie ou un excès de réglementation coûteux de l'Agence de protection de l'environnement", dit-elle.

L'un des premiers chantiers qui attend le Congrès est le projet de budget pour la prochaine année fiscale, qui débute le 1er octobre, et que les parlementaires étaient censés avoir préparé bien avant la pause estivale.

Sans le vote de ce budget, il sera difficile de faire avancer la réforme des impôts. Mais de sérieuses divergences existent là encore au sein du Parti républicain à propos du niveau des dépenses publiques sur le long terme.

Les divisions ne sont pas moindres sur le financement des dépenses fédérales à court terme, qu'il faudra résorber avant la date butoir du 1er octobre pour épargner au pays un nouveau "shutdown" des agences fédérales. Sans compter le problème du relèvement du plafond d'emprunt du gouvernement.

Toutes questions auxquelles les parlementaires s'attelleront le mois prochain. (Avec Amanda Becker, Susan Cornwell; Jean-Stéphane Brosse pour le service français)