(Actualisé avec source disant que Rosneft ne sortira pas du capital)

par Paola Arosio et Stephen Jewkes

MILAN, 20 mars (Reuters) - China National Chemical Corp (ChemChina) est sur le point de passer un accord avec la holding de contrôle de Pirelli, qui pourrait faire passer le fabricant de pneumatiques italien sous le contrôle du géant chinois de la chimie, ont déclaré vendredi deux sources proches du dossier.

Les analystes pensent que l'opération pourrait permettre à ChemChina devenir le premier actionnaire de Pirelli, en lieu et place du pétrolier russe Rosneft.

Selon les sources, ChemChina discute actuellement d'une alliance stratégique avec les différents actionnaires de Camfin, la holding qui détient 26% du groupe milanais.

Camfin avait déclaré en début de journée être en discussion avec un "partenaire industriel international" en vue de vendre sa participation dans Pirelli au prix de 15 euros par action, ce qui valoriserait le fabricant de pneus à 7,1 milliards d'euros. Une fois la vente réalisée, une OPA sur le reste de Pirelli suivrait, avait-il ajouté.

L'action Pirelli a gagné 2,21% à 15,23 euros à la Bourse de Milan. Elle avait déjà progressé jeudi à la suite d'un article du Corriere della Sera selon lequel Pirelli envisageait une association avec un partenaire asiatique, susceptible de conduire au rachat de l'entreprise et à son retrait de la cote.

Le tour de table de Camfin réunit, outre Rosneft, qui détient la moitié du capital, une holding appartenant à l'administrateur délégué de Pirelli, Marcho Tronchetti Provera, et les banques italiennes Intesa Sanpaolo et UniCredit .

TRONCHETTI PROVERA RESTERAIT À LA TÊTE DU GROUPE

Le conseil d'administration de Camfin devait se réunir vendredi soir pour étudier une possible offre de ChemChina, a dit une source.

"Nous pensons que les actionnaires de référence actuels, à l'exception probable de Rosneft, garderont leurs parts pratiquement inchangées", a commenté le courtier milanais Banca Akros.

Deux sources ont dit que Rosneft, qui détient indirectement un peu plus de 13% de Pirelli, va faire baisser sa participation dans le groupe sans pour autant, du moins à ce stade, sortir du capital.

L'une des sources a ajouté que Marco Tronchetti Provera resterait à la tête de Pirelli pendant les cinq premières années suivant l'accord avec ChemChina.

Les entreprises italiennes suscitent l'intérêt des investisseurs chinois depuis quelques années. La Banque populaire de Chine a pris l'an dernier une participation d'un peu plus de 2% dans le pétrolier Eni, l'assureur Generali et le constructeur automobile Fiat. State Corporation of Chine a investi en 2014 dans la distribution d'électricité en Italie.

Pirelli attire particulièrement les investisseurs asiatiques en raison d'une taille relativement petite et de ses fortes marges bénéficiaires par rapport à la concurrence, soulignent des banquiers.

Le numéro cinq mondial du pneu a pu augmenter ses marges même en période de déprime pour l'automobile européenne en se recentrant sur du haut de gamme réservé au segment du luxe.

De son côté, ChemChina se présente comme l'un des trois principaux producteurs chinois de pneus.

(Wilfrid Exbrayat et Benoît Van Overstraeten pour le service français, édité par Marc Angrand)