Par François Schott,

PARIS (Agefi-Dow Jones)--Bien que largement anticipé par les marchés, le plan de relance de 750 milliards d'euros décidé par les chefs d'Etat et de gouvernement européens marque une étape clé dans la coordination des politiques économiques en Europe, et pourrait permettre à la zone euro de se relever plus rapidement que d'autres régions de la crise du Covid-19, estiment des économistes.

Pour Paul O'Connor, directeur de la gestion multi-actifs chez Janus Henderson Investors, "la portée symbolique est très importante". "Le plan de relance sera financé par l'émission conjointe de dettes, ce qui représente la première véritable tentative de mutualisation de la dette de la zone euro et son plus grand pas vers l'intégration fiscale", remarque l'opérateur de marché.

L'impact macroéconomique direct du plan sera assez modeste, comparé aux dommages causés par le Covid-19 sur les économies de la zone euro, souligne toutefois l'intermédiaire financier. "Alors que le consensus table sur une contraction de 15% du PIB (produit intérieur brut) réel de la zone euro en glissement annuel au deuxième trimestre, le fonds de relance devrait donner un coup de fouet de 6 à 7% qui prendra des mois à se matérialiser et des années à produire son plein effet", indique Paul O'Connor.

Un signal fort de solidarité et d'intégration

Pour les économistes d'ING, l'accord sur le budget et le fonds de relance de l'Union européenne (UE) constitue un signal fort de solidarité et d'intégration. La banque note qu'il ne sera effectif qu'au 1er janvier, ce qui signifie que les premiers fonds n'atteindront probablement pas l'économie réelle avant la mi-2021.

Après quatre jours de discussions houleuses, les dirigeants de l'Union euroépenne (UE) ont fini par s'entendre mardi sur un fonds de relance de 750 milliards d'euros, comprenant 390 milliards d'euros de subventions. Le reste sera versé aux Etats sous forme de prêts. La France percevra 40 milliards d'euros de subventions, a précisé le ministre de l'économie Bruno Le Maire sur Franceinfo.

L'Italie, l'un des pays les plus durement touchés par la crise sanitaire, devrait quant à elle recevoir 82 milliards d'euros de subventions et 127 milliards d'euros de prêts, souligne Esty Dwek, responsable des stratégies de marché de Natixis Investment Managers Solutions.

Par ailleurs, les dirigeants européens se sont entendus sur un budget de plus de 1.000 milliards d'euros pour l'UE sur la période 2021-2027.

Le risque de rupture diminue

"Grâce à cet accord, nous pensons que le risque d'une rupture européenne a encore diminué et que la croissance européenne devrait être soutenue à moyen terme", ajoute Esty Dwek.

Pour les économistes de Goldman Sachs, le plan est certes moins ambitieux que la proposition initiale de la Commission européenne, qui prévoyait jusqu'à 500 milliards d'euros de subventions, mais la rapidité avec laquelle les chefs d'Etats se sont entendus a surpris la banque américaine. Il avait fallu plusieurs années aux dirigeants européens pour trouver une réponse à la crise de la dette de la zone euro, il y a dix ans.

Grâce à ce plan de relance mais aussi à des mesures efficaces de contrôle du virus, à des données économiques positives et à un contexte macro-politique favorable, la zone euro devrait connaît un rebond "plus rapide et plus soutenu" que d'autres régions, y compris les Etats-Unis, ajoute Goldman Sachs.

Les principaux indices boursiers européens s'inscrivent en hausse mardi à la mi-journée. L'indice Stoxx Europe 600 s'adjuge 1,1% à 379,5 points. A Paris, le CAC 40 et le SBF 120 progressent de 1,2% chacun. A Francfort, le Dax avance de 1,9% et à Milan le FTSE Mib s'adjuge 2,2%.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: ECH

Agefi-Dow Jones The financial newswire