Tous les mois, Bank of America Merrill Lynch prend le pouls des gérants d'actifs, pour déterminer leur état d'esprit. Le panel de la banque d'affaires comprend 182 professionnels qui gèrent environ 562 milliards de dollars. Leurs réponses permettent à BofA ML de suivre de près les orientations du marché. L'enquête menée du 6 au 12 septembre, la dernière en date, montre par exemple que les investisseurs sont surexposés au cash, aux Etats-Unis, aux utilités, aux biens de consommation primaires et aux télécoms : tout ce qui est capable d'amortir le choc si la macroéconomie prend un tour inquiétant. Jusqu'ici, rien de très étonnant. 38% des gérants interrogés estiment qu'une récession aura lieu sous 12 mois, le pourcentage le plus élevé depuis 2009. Mais 59% n'entrevoient pas un tel scénario.

 Autre donnée intéressante, 38% des professionnels de la gestion d'actifs estiment que la guerre commerciale ne s'achèvera pas et qu'elle s'installe comme une "nouvelle normalité" dans les relations économiques internationales. Ils sont 30% à penser, au contraire, que le conflit sera résolu avant le second mandat de Donald Trump l'élection présidentielle américaine de l'automne 2020. Pour le reste, 17% s'attendent à un règlement après l'élection et 9% dans les trois années qui viennent.

Mais l'information la plus intéressante est probablement la réponse à la question "quel événement serait le plus positif à un horizon de six mois pour les actifs à risque ?", que nous faisons figurer ci-après (hors résolution du contentieux commercial).  

26% des gérants interrogés répondent "une baisse des taux de 50 points de la Fed". Jusqu'ici, rien de très surprenant. Si ce n'est que cette réponse arrive à la seconde place derrière "un stimulus fiscal allemand", avec 31% des votes. Le podium est complété par un "plan de dépenses d'infrastructures en Chine" (17%). Le plan de relance allemand revêt donc une importance majeure pour les professionnels de la finance. C'est dire le crédit qu'ils accordent au moteur économique européen, dont nous avions déjà parlé la semaine dernière par le prisme de la capacité budgétaire inédite de l'Allemagne. Le graphique montre aussi que la résolution du Brexit n'est citée que par 7% des décisionnaires de la gestion d'actifs comme un élément susceptible de doper les actifs à risque, donc les actions. Quant au "QE" de la BCE, il fait doucement sourire… Non, vraiment, en septembre 2019, le fantasme du marché, c'est Angela Merkel dégainant un plan de relance outre-Rhin.