La bibliothèque financière d'un investisseur aguerri se doit de comporter certains incontournables, tels que les ouvrages Benjamin Graham, Peter Lynch, Nassim Nicholas Taleb ou encore Pierre Vernimmen, devenus les livres de chevet des jeunes financiers. 

D'autres publications, plus rares et moins renommées, auraient pourtant leur place aux côtés de ces indispensables. C'est le cas du livre de finance le plus cher du monde : Margin of Safety (ou marge de sécurité, en français) de Seth A. Klarman, qu'on trouve en vente à un prix oscillant entre 600 et 5000 euros. 

Publié une seule fois en 1991, Margin of safety a été édité à seulement 5000 exemplaires. A l'époque, Seth A. Klarman officie comme gérant de fonds, sa notoriété est minime et le "value investing", la discipline qu'il prône et qui consiste à investir dans des entreprises decotées, n'est pas en vogue. Le livre est donc, à ses débuts, un échec en librairie. Par la suite, les belles performances du fonds du gérant et le retour en grâce du value investing vont doper l'intérêt des lecteurs. Mais en dépit de nombreuses demandes, le livre ne sera jamais réédité. 

 

Les bonnes leçons de Klarman 

S'intéressant au Value investing, méthode d'investissement qui consiste à acheter des actions à un prix très inférieur à leur valeur intrinsèque, c'est-à-dire à la valeur réelle du business, il émet plusieurs mises en garde à l'attention des investisseurs. 

  • Ne pas confondre investissement avec spéculation : grâce à l'histoire de la sardine californienne, Klarman rappelle qu'il est primordial de s'intéresser à la qualité de l'actif que l'on acquiert, et non pas seulement à son prix d'achat. 
  • Ne pas chercher de formule magique pour être performant sur les marchés : en prenant l'exemple du PER (ratio cours/ bénéfices), il alerte sur le fait qu'un faible multiple de résultat n'est pas forcément une aubaine pour un investisseur. Un PER abordable est en fait souvent le signe que le marché a déjà pris en compte une baisse des bénéfices à venir. 
  • Être patient : ici encore, Klarman expose son argument au moyen d'une métaphore. Comparant la finance au baseball, il précise qu'un financier expérimenté usera de patience pour chercher la meilleure opportunité et s'économiser sur les précédentes. Il ne faut pas se forcer à acheter, ne pas céder à la facilité, dans un marché déprimé comme euphorique, car le value investing n'est pas un jeu relatif mais absolu. 
  • Accepter l'imperfection de notre analyse : Klarman rappelle simplement qu'il est impossible de tout connaître sur une entreprise, y compris après une analyse poussée,  et que les incertitudes demeurent nombreuses. 
  • et donc prévoir une marge de sécurité : s'il estime que la meilleure méthode d'analyse consiste à calculer la valeur actuelle des cash-flows futurs (c'est-à-dire les DCF, pour Discounted cash flows) par exemple, il insiste sur le fait de garder en tête que l'erreur est humaine ou qu'un aléa imprévisible peut faire varier la valeur de notre investissement. Il faut donc systématiquement prendre une marche de sécurité sur la valeur estimée d'une société.

 

Parmi les conseils essaimés au long du livre, certains restent parfaitement d'actualité mais d'autres ont perdu de leur pertinence. Seth A. Klarman dit notamment rester vigilant quant aux actifs intangibles (aussi nommés incorporels ou immatériels) que sont les marques, les brevets, les logiciels, les licences ou encore les données clients. 

Si cette recommandation est en ligne avec l'approche value, car les actifs incorporels sont difficiles à valoriser, elle semble difficile à appliquer sur les marchés aujourd'hui. En effet, Apple, Meta, Microsoft ou Adobe, qui comptent parmi les plus belles réussites de la cote, tirent la majorité de leurs revenus des actifs intangibles. 

 

Pour en savoir plus sur le livre de Seth A. Klarman, visionnez cette vidéo de notre expert Xavier Delmas.