Moscou (awp/afp) - La directrice de la Banque centrale russe (BCR) Elvira Nabioullina a dit vendredi s'attendre à un ralentissement de la croissance dans le pays au deuxième semestre, sur fond de pénurie de travailleurs, d'affaiblissement du rouble et de retour de l'inflation, en plein conflit en Ukraine.

"Nous nous attendons à ce que le taux de croissance soit plus modéré au second semestre", a déclaré Mme Nabioullina lors d'une conférence de presse, après avoir annoncé un relèvement du taux directeur à 13%.

Selon elle, après une hausse de +4,9% selon les statistiques officielles entre avril et juin, la croissance du PIB devrait atteindre "entre +1,5% et +2,5%" en fin d'année.

Si Mme Nabioullina a défendu une trajectoire "naturelle" après "une période de reprise rapide de la croissance", qui faisait suite à une année 2022 difficile (-2,1%), elle a surtout reconnu que le manque de main d'oeuvre - dû aux départs de centaines de milliers de Russes à l'étranger et à la mobilisation sur le front de centaines de milliers d'autres- rendait la situation "tendue".

Au sujet des discussions "en cours" avec le gouvernement pour d'éventuelles autres mesures "strictes" pour contrer les difficultés monétaires actuelles, la cheffe de la BCR a mis la pression sur Anton Silouanov, à la tête du ministère des Finances, avec qui elle est en conflit ouvert.

En effet, tandis que M. Silouanov oeuvre pour un contrôle accru des mouvements de capitaux et une réduction de la volatilité du rouble, Mme Nabioullina a adopté ces dernières semaines une position plus libérale, déterminée à s'attaquer à l'inflation.

Or, ces derniers jours, les services de M. Silouanov ont poussé pour réintroduire une obligation pour les gros exportateurs russes de rapatrier et convertir en rouble leurs devises issues de leurs recettes à l'étranger, les forçant à ne plus les stocker hors de Russie malgré les sanctions, de façon à ce que ces revenus intègrent l'économie russe et soutiennent le rouble.

"Contrairement à la croyance populaire, la structure monétaire des règlements à l'export n'a pas d'impact significatif sur la dynamique du taux de change", a répliqué vendredi Mme Nabioullina, arguant que "moins de 1% du total des recettes d'exportation" était conservé en devises sur des comptes à l'étranger.

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