iPhone-dépendance
Si l'industrie des semiconducteurs est désormais bien plus structurée qu'elle ne l'était il y a dix ans, elle comprend toujours des acteurs dits généralistes, mais aussi d'autres plus spécialisés, donc plus cycliques. Les puces sont désormais présentes dans de nombreux pans de l'économie, dans la plupart même. Mais le baromètre incontestable reste le smartphone, et sa star, l'iPhone. Quand un fournisseur d'Apple éternue, tout le secteur s'enrhume, qu'il soit ou non exposé directement au Californien parce qu'il lui vend des composants.
Le groupe fait appel à un vaste écosystème pour assembler ses iPhones, aux quatre coins du globe. On retrouve par exemple parmi les fournisseurs récents un meilleur ennemi (Samsung), un Franco-italien sur le retour (STMicroelectronics) ou un allemand ultra-dépendant (Dialog Semiconductors, 75% de ses revenus avec Apple). En cas de mévente d'un modèle du Californien, la réaction en chaîne est massive et touche tous les sous-traitants de la filière, mais aussi la concurrence (en vertu de la jurisprudence selon laquelle si Apple vend mal, c'est tout le secteur qui vend mal).
Flou artistique
La volatilité actuelle des titres en bourses est accentuée par les tensions commerciales, qui ne peuvent que faire des dégâts sur un écosystème mondialisé. L'Asie du Sud-Est, en particulier la Chine, intervient à diverses étapes de la conception d'un iPhone, jusqu'à son assemblage par Foxconn. Même si Donald Trump aurait assuré récemment à Tim Cook, le patron d'Apple, que le smartphone vedette ne sera pas surtaxé à son entrée aux Etats-Unis (les produits d'électronique grand public dans leur ensemble échappent pour l'heure aux sanctions), qu'adviendra-t-il si les relations entre Washington et Pékin s'enveniment ?
Finalement, les représentants français du secteur, qui reviennent de loin, ne s'en tirent pas si mal. STMicroelectronics a pu s'appuyer sur de solides résultats et des perspectives robustes pour rester en surperformance par rapport aux indices et à ses congénères depuis plusieurs mois. Le titre n'en a pas moins beaucoup baissé depuis son plus haut des dix dernières années, qui date de moins de trois semaines (22,97 euros, soit -17%). Les raisons du repli sont sectorielles et pas intrinsèques, car ST est passé entre les gouttes ces derniers mois, en se payant même le luxe de dépasser les attentes alors que ses comparables se contentaient de la moyenne. Sur 23 analystes recensés par Reuters qui suivent le dossier, dix ont un avis positif (43%).
La vigilance sera de mise dans les prochains jours avec le démarrage des publications. Et même avant, car des avertissements peuvent venir accentuer la pression, comme l'a rappelé ce matin celui de BE Semiconductor.
Quelques dates à retenir :
- Chiffre d'affaires du 1er trimestre fiscal de Soitec le 18 juillet
- Résultats trimestriels d'Apple le 24 juillet
- Résultats trimestriels de Texas Instruments le 24 juillet
- Résultats trimestriels de STMicroelectronics le 25 juillet (à confirmer)
- Résultats trimestriels de Samsung le 26 juillet (à confirmer)
- Résultats trimestriels d'Intel le 26 juillet
- Résultats trimestriels de BE Semiconductor le 26 juillet (avertissement ce jour)
- Résultats trimestriels d'Infineon le 1er août
- Résultats trimestriels de Dialog Semiconductor le 2 août