(Bilan actualisé, début d'évacuation)

BEYROUTH, 15 avril (Reuters) - Une explosion, près d'un convoi de cars qui attendait de pouvoir entrer dans Alep, a fait samedi une vingtaine de morts et des dizaines de blessés parmi les habitants de deux villages chiites évacués la veille dans le cadre d'un accord entre belligérants en Syrie.

L'accord était en suspens et des milliers de Syriens étaient en attente dans deux points de transit en lisière de la grande ville du nord de la Syrie lorsque l'explosion s'est produite.

Plus tard dans la soirée, plusieurs cars du convoi ont commencé à pénétrer en territoire sous contrôle gouvernemental, ont rapporté des médias favorables à Damas.

Selon ces mêmes médias, un kamikaze au volant d'une voiture piégée est responsable de l'explosion, qui a fait, selon eux, au moins 40 morts. L'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH, proche de l'opposition) avance de son côté un bilan de 24 tués et de plusieurs dizaines de blessés.

Les blessés ont été conduits en ambulance à Alep.

Sur des images diffusées par les médias syriens, on peut voir des cars noircis par l'explosion, avec les vitres brisées. Des corps jonchent le sol et une épaisse fumée noire s'élève d'endroits en flammes.

L'explosion s'est produite dans le quartier de Rachidine, aux abords d'Alep. Les cars attendaient de pouvoir passer d'un secteur tenu par les rebelles vers la ville d'Alep, contrôlée par le pouvoir syrien, avec à leur bord des habitants de deux localités chiites évacuées vendredi.

DÉPLACEMENTS FORCÉS

Ces habitants, tout comme plusieurs centaines de combattants pro-régime, ont quitté les deux villages assiégés par les rebelles dans la province d'Idlib, dans le cadre d'un accord en vertu duquel plusieurs centaines d'insurgés sunnites et leurs familles ont quitté une zone assiégée par le régime à la périphérie de Damas.

Mais le retard pris dans l'application de l'accord a bloqué depuis vendredi soir dans les deux points de transit aux abords d'Alep ceux qui ont été évacués.

Les habitants d'Al Foua et de Kefraya, les deux villages chiites assiégés, attendaient à Rachidine.

Des rebelles et des habitants de Madaya, près de Damas, patientaient pour leur part dans un entrepôt de cars à Ramoussah, dans une zone tenue par le régime, à quelques kilomètres de là. Ils devaient être acheminés vers la province d'Idlib, que les insurgés contrôlent.

Ayant entendu l'explosion, ils ont dit craindre des représailles de la part des forces pro-gouvernementales et fait circuler un communiqué sur les réseaux sociaux demandant aux "organisations internationales" d'intervenir pour empêcher que la situation dégénère.

Les accords d'évacuation ne sont guère populaires au sein de l'opposition syrienne, qui estime qu'ils masquent des déplacements forcés de populations. Les opposants au régime syrien seraient ainsi évacués des grands centres urbains de l'ouest du pays. (John Davison; Eric Faye et Jean-Stéphane Brosse pour le service français)