(Actualisé avec déclarations supplémentaires)

TOKYO, 9 janvier (Reuters) - La ministre japonaise de la Justice a lancé jeudi une rare offensive publique à l'encontre de Carlos Ghosn après que l'ancien patron star de Nissan a critiqué le système juridique japonais et déclaré pour justifier sa fuite au Liban qu'il aurait eu "zéro chance" d'avoir un procès équitable au Japon.

S'exprimant publiquement mercredi pour la première fois depuis qu'il a fui le Japon, Carlos Ghosn s'est livré à un réquisitoire contre la justice japonaise, affirmant que les accusations portées contre lui étaient fausses et que les conditions dans lesquelles il avait été détenu puis assigné à résidence visaient à le "briser".

Le patron déchu de Nissan et Renault s'est spectaculairement soustrait à son assignation à résidence à Tokyo pour se réfugier au Liban dans les tout derniers jours de l'année dernière, disant alors refuser d'être "otage" au Japon.

Dans une volonté de contrecarrer la tentative de Carlos Ghosn d'influencer l'opinion publique en sa faveur, la ministre japonaise de la Justice a publié dans la nuit un communiqué traduit en anglais et en français puis tenu jeudi matin une conférence de presse pour défendre le système judiciaire du pays.

Les accusations de Carlos Ghosn à l'encontre du système judiciaire japonais sont "absolument intolérables", a déclaré Masako Mori dans un communiqué.

"J'ai décidé de faire cela car le prévenu Ghosn tentait de justifier sa fuite illégale du Japon en propageant une fausse constatation sur notre système de justice", a-t-elle dit ensuite lors d'une conférence de presse. "J'ai estimé que nous avions besoin de réagir immédiatement pour transmettre une compréhension correcte aux gens du monde entier".

La ministre a souligné que la fuite de Carlos Ghosn pouvait à elle seule "constituer un crime" qui ne serait toléré par aucune nation.

"En l'écoutant, mon sentiment a été que peu de ses déclarations étaient appuyées par des preuves véritables", a-t-elle dit à propos de la conférence de presse organisée à Beyrouth par l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan.

"S'il veut prouver son innocence, il doit faire face à un procès équitable ici", a ajouté Mori, soulignant que les accusations visant Ghosn concernaient des crimes financiers commis au Japon.

Pour défendre la décision des autorités japonaises de placer l'homme d'affaires en détention, elle a déclaré qu'un suspect pouvait être arrêté seulement si un mandat d'arrêt était émis par un juge qui avait étudié l'affaire, contrairement à certains pays où un suspect peut être placé en détention sans mandat.

La ministre a répété que le Japon allait tenter de trouver un moyen pour rapatrier Carlos Ghosn du Liban, bien que Tokyo n'a aucun accord d'extradition avec Beyrouth. (Chang-Ran Kim; version française Jean Terzian)

Valeurs citées dans l'article : Nissan Motor Co., Ltd., Renault