Tokyo (awp/afp) - Pour sa première en 2020, la Bourse de Tokyo a connu lundi sa pire séance depuis cinq mois, plombée par les vives tensions dans le Golfe depuis l'assassinat par les Etats-Unis du puissant général iranien Qassem Soleimani.

L'indice vedette Nikkei a chuté de 1,91% à 23.204,86 points, effaçant ainsi plus de 450 points par rapport à sa précédente séance lundi 30 décembre. Le marché japonais était resté fermé quasiment toute la semaine dernière en raison des congés du Nouvel An.

Le Nikkei n'avait pas perdu autant de points en une seule séance depuis le 2 août dernier. L'indice élargi Topix a quant à lui cédé 1,39% à 1.697,49 points.

Les tensions entre Téhéran et Washington, déjà fortes auparavant, sont montées de plusieurs crans d'un coup avec la mort vendredi de Qassem Soleimani, tué dans un raid américain à Bagdad.

Si l'Iran mettait à exécution ses menaces de représailles, les Etats-Unis frapperaient "rapidement et totalement en retour, et peut-être de manière disproportionnée", a assuré dimanche le président américain Donald Trump.

Téhéran a aussi annoncé dimanche qu'il ne se sentait plus tenu par aucune limite sur l'enrichissement d'uranium, semblant ainsi donner le coup de grâce à l'accord international sur le nucléaire iranien de 2015.

"Les tensions géopolitiques devraient rester élevées dans les prochains jours, soutenant les prix du pétrole et laissant sur la défensive" les autres marchés, a commenté Ray Attrill, analyste de la National Australia Bank dans une note publiée lundi.

"Le yen fort a aussi pesé sur le marché" japonais lundi, a souligné Shinichi Yamamoto, courtier chez Okasan Securities. Considéré comme une valeur refuge, le yen a fortement progressé depuis vendredi face au dollar, un mouvement qui pénalise les valeurs japonaises exportatrices.

Du côté des valeurs

Tous les secteurs d'activité représentés dans le Nikkei ont fini dans le rouge, à l'exception de celui de l'énergie, qui a profité de la flambée des prix du pétrole.

BOND DES GROUPES PÉTROLIERS: les groupes pétroliers japonais étaient tous dans le vert: Inpex a gagné 4,09% à 1.183 yens, Idemitsu Kosan 2,47% à 3.105 yens et JXTG Holdings 3,41% à 514,9 yens.

TRANSPORTS EN SOUFFRANCE: les entreprises de transports étaient au contraire affectées par la hausse des prix du pétrole, synonyme de renchérissement de leurs dépenses de carburant, à l'instar des compagnies aériennes ANA Holdings (-2,82% à 3.539 yens) et Japan Airlines (-2,76% à 3.303 yens). Les compagnies de fret maritime sombraient encore davantage: Mitsui OSK Lines a dégringolé de 4,19% à 2.898 yens, Kawasaki Kisen Kaisha de 4,07% à 1.787 yens.

NISSAN APRÈS LA FUITE DE GHOSN: pour sa première cotation depuis la fuite au Liban de Carlos Ghosn, l'ancien patron de l'alliance Renault-Nissan qui était inculpé et retenu au Japon pour des soupçons de malversations financières, le constructeur automobile nippon a reculé de 1,66% à 625,5 yens. Toutefois ses grands rivaux Toyota (-1,93% à 7.565 yens) et Honda (-2,96% à 3.007 yens) ont souffert encore davantage face à la montée du yen.

Du côté des devises et du pétrole

Le yen s'est stabilisé lundi face au dollar, après s'être fortement apprécié vendredi: à la clôture de Tokyo un dollar valait 108,00 yens, contre 108,04 yens vendredi à 20H00 GMT. Le billet vert évoluait au-delà de 109 yens lundi dernier, avant la longue pause du Nouvel An de la Bourse de Tokyo.

L'euro a continué de baisser lundi face au yen, mais plus légèrement que vendredi: il se négociait pour 120,53 yens après la clôture de Tokyo, contre 120,64 yens vendredi à 20H00 GMT et plus de 122 yens lundi dernier.

La monnaie européenne s'échangeait pour 1,1159 dollar vers 06H45 GMT, en très léger retrait par rapport à vendredi 20H00 GMT (1,1166 dollar).

Les cours du pétrole flambaient toujours lundi: vers 06H40 GMT le prix du baril de brut américain WTI augmentait de 2,06% à 64,35 dollars et celui du baril de Brent de la mer du Nord bondissait de 2,35% à 70,21 dollars.

etb/kap/myl