Géraldine Sundstrom, managing director et gestionnaire de portefeuille en allocation d'actifs chez Pimco est revenu pour AOF sur les perspectives d’inflation et sur son allocation d’actifs.

Pensez-vous que l'inflation a atteint un sommet et que le taux d'intérêt ‘ sans risque ‘ s'est stabilisé ? Si non, quand pensez-vous que cela arrivera, ce qui vous permettrait d'être plus constructif sur les actifs à risque ?

On arrive sûrement au pic de l'inflation, il est assez clair aux États-Unis ; en Europe, il risque de plafonner encore quelques mois. Ensuite, on doit s'attendre à une descente plus ou moins mécanique du taux grâce aux effets de base et à l'amélioration de la conjoncture. Cependant faire baisser le taux d'inflation de 10% à environ 4% est une chose, le ramener de 4% à 2%, l'objectif des banques centrales, est beaucoup plus difficile. C'est ce à quoi les banques centrales vont devoir se confronter en 2023 et pourquoi on s'attend à ce que les taux courts restent élevés pendant une certaine période.

Quelle allocation d'actifs mettriez-vous alors en place ?

Pour le moment notre prédiction de base est une récession modérée, donc les portefeuilles sont dans la prudence avec des liquidités et les actifs de plus haute qualité. Il serait prématuré de réengager les portefeuilles à ce stade du cycle, même si beaucoup d'actifs ont vu une correction importante en 2022. Le focus sera sur la séquence de redéploiement du risque dans les portefeuilles, premièrement on s'attend à augmenter encore l'obligataire gouvernemental et investment grade puis ensuite se pencher sur le crédit de moindre qualité, les actions devraient venir en dernier d'autant plus que nous les trouvons mauvais marché en ce moment.

Pourquoi l'obligataire est devenu plus attrayant par rapport aux actions sur un horizon de long terme ?

Nous faisons encore face à une conjoncture incertaine avec une économie globale en fort ralentissement, une situation de conflit en Ukraine et des autorités fiscales et monétaires sans marge de manœuvre. De plus, de manière séculaire, les entreprises vont faire face à un environnement plus complexe de structure des coûts, approvisionnements et fiscalité qui font que la profitabilités des entreprises risque d'être plus volatile et challengé, c'est pourquoi l'obligataire de qualité avec les rendements actuels semble être la meilleure proposition.

Interview : Christophe Jégu