WASHINGTON (Reuters) - Le Congrès des Etats-Unis va s'employer cette semaine à mettre un terme à des mois d'indécisions et de querelles politiciennes sur le budget fédéral et les mesures de relance anti-coronavirus dont l'enveloppe globale pourrait atteindre 2.000 milliards de dollars.

Les élus américains doivent rapidement mettre la dernière main à un projet de loi de dépenses de 1.400 milliards de dollars (1.150 milliards d'euros) pour l'année fiscale 2021, qui a débuté le 1er octobre, au risque d'une fermeture partielle ("shutdown") de l'administration vendredi à minuit.

Les fonds en jeu sont destinés à des programmes gérés par le gouvernement fédéral et couvrant un large éventail de domaines, tels que la santé, la sécurité nationale ou la gestion des parc nationaux.

Sans accord, le gouvernement devra suspendre des programmes non urgents et mettre au chômage technique de nombreux salariés.

Les élus du Sénat, contrôlé par les républicains, et ceux de la Chambre des représentants, à majorité démocrate - qui redoutent une prolongation des négociations pendant la trêve de Noël - doivent également trouver un terrain d'entente sur un plan de soutien à l'économie dont le montant pourrait approcher 1.000 milliards de dollars face à la crise du coronavirus.

Un groupe bipartite a présenté il y a dix jours un plan de 908 milliards de dollars et ses promoteurs ont démenti les rumeurs selon lesquelles ce programme serait au point mort.

"Le plan est bien vivant et il n'y a aucun risque, aucun risque que nous quittions Washington sans nous occuper des besoins urgents de notre peuple", a déclaré le sénateur démocrate Joe Manchin à Fox News, en précisant que la proposition serait présentée officiellement ce lundi.

Selon une personne au fait du dossier, la proposition de stimulus va être scindée en deux ensembles budgétaires distincts dans l'espoir de convaincre les deux chambres.

Les élus souhaitent y associer des mesures pour atténuer l'impact de l'épidémie de coronavirus, qui a fait près de 300.000 morts aux Etats-Unis.

Les autorités locales de santé publique craignent, en l'absence d'accord, de ne pas avoir suffisamment de fonds pour mener à bien une importante campagne de vaccination contre le COVID-19.

Une poignée d'hôpitaux ont commencé à administrer des premières doses du vaccin développé par l'alliance Pfizer-BioNTech après le feu vert accordé par l'agence américaine du médicament vendredi.

Joe Biden, qui prendra ses fonctions de président le 20 janvier, a exhorté le Congrès à agir vite et ajouté qu'en cas d'accord, il chercherait probablement à obtenir une autre série d'aides d'urgence l'année prochaine.

DÉSACCORDS AU SEIN DES RÉPUBLICAINS

Avec le double objectif de relancer une économie en difficulté et de financer entre autres l'achat de fournitures médicales, les démocrates et les républicains au Congrès doivent décider qui doit recevoir ou non un coup de pouce de Washington après les 3.000 milliards de dollars alloués au printemps dernier.

Les démocrates font pression pour qu'une aide soit garantie aux administrations locales et au niveau des Etats afin de limiter les licenciements, notamment en sein des forces de l'ordre, des pompiers et du personnel médical d'urgence.

Le chef de file de la majorité républicaine du Sénat, Mitch McConnell, a rejeté vendredi cette demande d'aide "absurde" pour des Etats à tendance démocrate qui, selon lui, n'en ont pas besoin. Une position que ne partagent pas tous les membres de son parti.

Les revenus de l'Alaska, fortement dépendant du tourisme en été, ont reculé de 33% avec la pandémie, a fait savoir la sénatrice de l'Etat Lisa Murkowski, ajoutant que d'autres Etats du pays étaient en grande difficulté.

Steny Hoyer, le chef de la majorité démocrate à la Chambre, a déclaré à CNN que les démocrates "n'obtiendront pas tout ce qu'ils veulent".

"Nous pensons que l'aide de l'Etat et des collectivités locales est importante. C'est ce que nous voulons. Mais nous voulons soutenir les personnes qui sont vraiment, vraiment en difficulté et qui courent un risque grave", a-t-il ajouté.

Le Congrès est également divisé sur la question de savoir s'il faut procéder à une deuxième série de paiements directs aux Américains pour dynamiser l'économie.

"Nous avons l'habitude de négocier jusqu'à la dernière minute et c'est très regrettable. Nous en sommes là", a déploré le sénateur républicain Pat Roberts, qui prendra sa retraite en fin de l'année.

(Avec Susan Cornwell et David Shepardson, version française Laetitia Volga, édité par Jean-Stéphane Brosse)

par Richard Cowan