À Tancrou, à l'est de la capitale, M. Moret, 39 ans, est la cinquième génération de sa famille à exploiter la même ferme. Il a repris l'exploitation avec ses cousins en 2016, et leurs 200 chèvres produisent aujourd'hui quelque 200 000 litres de lait par an pour la fabrication du fromage.

Chaque matin, il rejoint ses collègues agriculteurs à un barrage de tracteurs sur l'autoroute A4 à Jossigny, non loin de là, avant de retourner s'occuper de ses animaux à la ferme.

Leurs protestations, qui s'inscrivent dans le cadre d'un mouvement européen de plus en plus important, ont déjà donné lieu à des concessions de la part du gouvernement, le Premier ministre Gabriel Attal ayant notamment déclaré que la France bloquerait les importations à bas prix de produits utilisant un pesticide interdit en Europe.

"Le fond du problème est de pouvoir vivre décemment de son métier et donc de pouvoir vendre ses produits au juste prix qui rémunère les producteurs et leur permet de vivre", a déclaré M. Moret.

Selon lui, ses coûts ont augmenté de plus de 20 % en 2022-2023. Comme il vend directement aux consommateurs des fromages, dont certains sont estampillés à la main au nom de la ferme, il estime qu'il est difficile de répercuter ces augmentations sur les ménages qui subissent encore une hausse des prix, même si le taux d'inflation ralentit.

Il reconnaît que son fromage est un luxe et non une nécessité, mais il pense que les ménages peuvent jouer un rôle essentiel en soutenant les agriculteurs.

"Ce que j'attends de ce mouvement, et je vais peut-être vous surprendre, ce n'est pas nécessairement une réaction des hommes politiques, dont je n'attends pas grand-chose, mais plutôt une réaction des consommateurs", a-t-il déclaré.

"Et j'espère que ce mouvement fera prendre conscience aux consommateurs que ce qui est important, c'est de promouvoir l'agriculture française en achetant des produits en France.

Il a toutefois un message à l'intention des responsables politiques européens, alors que le secteur est confronté à des réglementations environnementales et à l'importation de produits à bas prix en provenance de pays où la législation est plus laxiste.

Je n'aime pas le mot "protectionnisme", mais nous devrions imposer aux produits importés les mêmes règles que celles que nous appliquons aux nôtres, afin que nous soyons tous soumis aux mêmes règles, ce qui serait juste", a-t-il déclaré.