BRUXELLES (Reuters) - Il n'est pas certain que les ministres des Affaires étrangères des 27 pays de l'Union européenne parviendront à s'entendre ce lundi sur la mise en oeuvre de l'embargo sur le pétrole russe proposé par la Commission, a déclaré le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.

Certains pays ont des positions très tranchées sur le sujet, a-t-il ajouté, tandis que les ministres des Affaires étrangères des États membres ont tenté de faire pression sur la Hongrie à travers des déclarations publiques.

Les Vingt-Sept discutent sans succès depuis la proposition de l'exécutif européen, il y a dix jours, des conditions de mise en oeuvre d'un embargo sur le pétrole russe. Certains pays enclavés et très dépendants de la Russie, comme la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque, réclament des exemptions plus ou moins longues.

L'opposition la plus forte provient d'un pays qui "prend en otage" l'ensemble de l'Union européenne, a déclaré le chef de la diplomatie lituanienne, Gabrielius Landsbergis, à son arrivée à Bruxelles.

Peu de ministres ont nommé directement Viktor Orban, mais la Roumanie a déclaré que c'était à l'Union européenne de faire revenir Budapest dans le droit chemin.

La Hongrie, l'allié le plus proche de Moscou au sein de l'UE, conditionne son abandon du pétrole brut russe au versement d'une compensation financière. L'UE a besoin que tous les États membres approuvent l'embargo pour pouvoir le mettre en oeuvre.

Le ministre hongrois des Affaires étrangères, Peter Szijjártó, a déclaré sur sa page Facebook le 11 mai qu'aucune solution n'était en vue, ajoutant que le gouvernement de Viktor Orban avait besoin de "centaines de millions de dollars" pour les raffineries hongroises, d'une augmentation de la capacité d'un oléoduc croate et d'une compensation pour l'économie nationale.

Les ministres de l'UE, de l'Autriche à l'Estonie, ont réaffirmé leur détermination à instaurer un embargo pétrolier, même si l'adoption d'un accord doit prendre plus de temps.

"Ce paquet (de sanctions) sera adopté et le pétrole y sera inclus", a déclaré la ministre des Affaires étrangères estonienne, Eva-Maria Liimets. Une position reprise par d'autres, dont le Luxembourg et la Roumanie. L'Espagne a également soutenu la proposition de la Commission.

Certains diplomates considèrent désormais que le sommet des 30 et 31 mai sera l'occasion d'un accord, probablement sur six mois, avec une période de transition plus longue pour la Hongrie, la Slovaquie et la République tchèque.

(Reportage de Robin Emmott et Marine Strauss, version française Tangi Salaün et Augustin Turpin, édité par Kate Entringer)