(Actualisé avec précisions, revendication, source à Bogota, réaction du département d'Etat américain)

par Alexandra Ulmer et Vivian Sequera

CARACAS, 5 août (Reuters) - Le président vénézuélien Nicolas Maduro a déclaré samedi soir avoir échappé à une "tentative d'assassinat", et a accusé son homologue colombien Juan Manuel Santos d'être à l'origine d'un complot impliquant des personnes résidant aux Etats-Unis.

Des drones chargés d'explosifs ont explosé samedi dans le centre de la capitale, Caracas, à proximité du lieu où se tenait une cérémonie militaire durant laquelle Nicolas Maduro prononçait un discours, avait annoncé un peu plus tôt le ministre de l'Information.

Jorge Rodriguez avait précisé que le chef d'Etat et les autres membres du gouvernement étaient indemnes, et que sept soldats de la Garde nationale avaient été blessés.

Une témoin, qui rendait visite à sa famille à proximité du lieu de l'événement, a confié à Reuters avoir entendu deux explosions.

Un groupe peu connu, appelé "Mouvement national des soldats en t-shirts", a revendiqué l'attaque via une série de messages sur les réseaux sociaux.

Il a dit avoir prévu de faire voler deux drones mais que ceux-ci ont été abattus par des tireurs d'élite.

"Nous avons démontré leur vulnérabilité. Nous n'avons pas eu de succès aujourd'hui, mais c'est juste une question de temps", a déclaré le groupe, qui précise avoir été fondé en 2014 afin de rassembler tous les "groupes de résistance" du Venezuela.

Le groupe n'a pas répondu aux demandes d'information de Reuters.

Alors que Nicolas Maduro s'exprimait sur l'économie vénézuélienne, le son a brutalement été coupé, avant que le chef d'Etat et d'autres personnes présentes à ses côtés sur l'estrade ne lèvent les yeux au ciel, pouvait-on voir sur les images retransmises en direct à la télévision. Plusieurs soldats se sont mis à courir. La retransmission a alors été interrompue.

Des gardes du corps ont protégé le président Maduro avec des panneaux pare-balles, montrent des photos diffusées sur les réseaux sociaux.

"ACCUSATIONS ABSURDES"

Plus tard dans la soirée, Nicolas Maduro a expliqué qu'un engin volant avait explosé devant lui lors de son discours et qu'une seconde explosion s'était ensuite produite.

"Ils ont essayé de me tuer", a-t-il dit lors d'une allocution télévisée.

Une enquête a été lancée immédiatement après l'attaque, a-t-il ajouté, et "tout indiquait" qu'il s'agissait d'un complot dont la Colombie, pays voisin, était à l'origine.

Le président colombien "Juan Manuel Santos est derrière cette attaque", a assuré Maduro, sans apporter de preuve à ces accusations.

Des personnes qui ont contribué au financement et à l'organisation de l'attaque vivent en Floride, un Etat américain où de nombreux Vénézuéliens sont expatriés, a-t-il précisé.

Nicolas Maduro a demandé à son homologue américain Donald Trump de "combattre ces groupes terroristes".

Les Etats-Unis, qui avaient déclaré en mai ne pas reconnaître les résultats de l'élection présidentielle vénézuélienne, "suivent attentivement la situation", a dit un haut représentant du département d'Etat américain.

Une source au sein du gouvernement colombien a déclaré que les accusations de Nicolas Maduro étaient "absurdes" et que Juan Manuel Santos fêtait samedi le baptême de sa petite-fille.

"Il ne pensait à rien d'autre, encore moins à faire tomber des gouvernements étrangers", a dit cette source.

Nicolas Maduro, 55 ans, qui se présente comme le "fils" du charismatique Hugo Chavez décédé en 2013, a été réélu à la présidence du pays en mai à l'issue d'un scrutin que l'opposition considère comme truqué.

Il assure faire face à un complot "impérialiste" dont l'enjeu serait les ressources pétrolières vénézuéliennes. Ses détracteurs, qui se disent victimes d'une campagne de répression politique, le tiennent pour seul responsable de la ruine économique d'un pays autrefois florissant.

L'année dernière, un ancien pilote de la police avait pris possession d'un hélicoptère pour mitrailler des édifices officiels pour protester contre le gouvernement "criminel" de Maduro, dont il demandait la démission. Oscar Perez, qui disait représenter une coalition de militaires, policiers et fonctionnaires hostiles au gouvernement, a été tué en janvier dernier lors d'une opération des forces de sécurité. (avec la contribution de Liamar Ramos, Andreina Aponte et Shaylim Castro à Caracas, Luis Jaime Acosta à Bogota et David Brunnstrom à Jakarta; Jean Terzian pour le service français)