New York (awp/afp) - Wall Street reculait à l'ouverture jeudi, affaiblie par la plus forte chute mensuelle des ventes au détail aux Etats-Unis depuis dix ans, au moment où les négociations commerciales entre Pékin et Washington reprenaient.

Vers 15H20 GMT, l'indice vedette de Wall Street, le Dow Jones Industrial Average, perdait 0,48%, à 25.419,62 points.

L'indice Nasdaq, à forte coloration technologique, abandonnait 0,10%, à 7.412,76 points.

L'indice élargi S&P 500 lâchait 0,38%, à 2.742,66 points.

La veille, la Bourse de New York avait avancé dans le sillage d'un vent d'optimisme quant au règlement du conflit commercial entre les deux pays et à la perspective d'une sortie de crise budgétaire à Washington permettant d'éviter un "shutdown": le Dow Jones avait gagné 0,46% et le Nasdaq 0,08%.

Les statistiques des ventes au détail pour décembre ont déçu les analystes, qui espéraient un léger progrès de 0,2% pour cet indicateur qui reflète en partie l'allant de la consommation aux Etats-Unis. Elles ont finalement reculé de 1,2% par rapport à novembre.

"Les données (du rapport) sont exceptionnellement faibles", ont observé les analystes de HFE.

"Tellement faibles qu'elles perdent en crédibilité", ont-ils ajouté, évoquant des effets saisonniers importants et des mois d'octobre et novembre particulièrement élevés.

Ce recul, inattendu, s'explique également par l'impact du "shutdown" lorsque, à partir du 22 décembre et pour plus d'un mois, des centaines de milliers de fonctionnaires ont été mis au chômage forcé à cause d'un bras de fer budgétaire entre la Maison Blanche et les démocrates au Congrès.

Après ce premier blocage historiquement long, les craintes de deuxième "shutdown" à partir de vendredi ont été partiellement levées lundi lorsque des parlementaires ont trouvé un compromis budgétaire. Cet accord nécessite toutefois encore l'aval du président américain, Donald Trump.

Cryptomonnaie

En parallèle, les négociations entre la Chine et les Etats-Unis ont repris jeudi matin à Pékin, à la résidence diplomatique de Diaoyutai. Le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, et le représentant pour le Commerce, Robert Lighthizer, ont serré la main du vice-Premier ministre chinois, Liu He, devant les photographes, avant d'entamer des entretiens.

Le temps est compté pour chaque camp car un délai de négociation sans aggravation des sanctions expire à la fin du mois.

Donald Trump a cependant affirmé cette semaine qu'il pourrait accorder à la Chine un délai supplémentaire "si nous sommes proches d'un accord, un vrai accord". La trêve pourrait ainsi être prolongée de 60 jours, a indiqué jeudi l'agence Bloomberg, citant une source proche du dossier.

Sur le front des valeurs, le géant des sodas et boissons non alcoolisées Coca-Cola a renoué avec les bénéfices au quatrième trimestre 2018 mais s'est montré prudent pour 2019. Son titre perdait 7,27%.

L'assureur américain AIG a réduit ses pertes au quatrième trimestre 2018 mais les recettes générées par ses investissements ont fortement décliné, ce qui provoquait un recul de l'action de 9,17%.

Boeing prenait 0,09% après l'annonce jeudi par Airbus de l'arrêt du programme A380. Son cours boursier a bondi de près de 30% depuis janvier 2018, de loin la plus forte performance des valeurs regroupées au sein de l'indice Dow Jones.

L'adieu d'Airbus à l'A380 reflète la différence de stratégie entre l'avionneur français et l'américain, le second ayant préféré se tourner avec succès vers le long-courrier en lançant le 787 face au déclin de son gros porteur 747.

JPMorgan Chase abandonnait 0,95%. La banque américaine a annoncé jeudi lancer sa propre cryptomonnaie, JPM Coin, qui sera indexée sur le dollar mais dont l'usage sera restreint à des transactions financières entre grands investisseurs, excluant de facto les particuliers.

Sur le marché obligataire, le taux d'intérêt sur la dette à dix ans baissait à 2,650%, contre 2,702% mercredi à la clôture, et celui sur celle à 30 ans à 3,002%, contre 3,031% à la précédente clôture.

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