PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'équipementier automobile Michelin a confirmé lundi vouloir réaliser entre 20% et 30% de son chiffre d'affaires dans d'autres domaines que la conception et la fabrication de pneumatiques en 2030.

"Cet objectif est d'autant plus un défi que l'inflation a fait fortement progresser nos revenus", depuis l'annonce du plan stratégique en avril 2021, a indiqué le président de Michelin, Florent Menegaux, lors d'un point d'étape sur la stratégie du groupe.

En 2022, Michelin a réalisé un chiffre d'affaires de 28,59 milliards d'euros, en hausse de 20,2% sur un an. Bien qu'elles aient crû de 22% sur l'année écoulée, les ventes hors pneu représentent encore moins de 5% des revenus totaux du groupe.

Le groupe entend accélérer fortement dans ces activités "autour et au-delà du pneu", qui comprennent notamment la gestion de flottes automobiles, les bandes flexibles convoyeuses, les matériaux polymères à usage médical ou encore la pile à hydrogène, domaine dans lequel il s'est associé à Faurecia au sein d'une coentreprise baptisée Symbio. La JV devrait prochainement accueillir un nouvel actionnaire, Stellantis. Ensemble les trois groupes français entendent prendre des positions fortes sur ce marché: Symbio vise une capacité de production annuelle de 100.000 systèmes de pile à hydrogène en 2028.

L'investissement de Stellantis ne limitera pas la capacité de Symbio à servir d'autres clients, a assuré lundi la vice-présidente exécutive de la division matériaux high tech de Michelin, Maude Portigliatti. Elle a précisé que le groupe aux quatorze marques automobiles n'aurait pas accès aux informations d'autres constructeurs dans le cadre de la coentreprise.

A l'affût de nouvelles acquisitions

Accélérer dans des domaines tels que la pile à hydrogène ne suffira toutefois pas à remplir l'objectif que s'est fixé Michelin pour ses nouvelles activités. Pour atteindre au moins 20% de chiffre d'affaires "hors pneu", le groupe devra réaliser de nouvelles acquisitions.

"Nous explorons en permanence les opportunités mais nous sommes également très prudents concernant le retour sur investissement qu'elles peuvent générer, conformément à notre objectif de rendement des capitaux employés (ROCE) supérieur à 10,5%", a souligné Florent Menegaux. Le dirigeant a précisé que le groupe concentrait actuellement ses recherches sur l'Europe de l'Ouest et l'Amérique du Nord et qu'il n'avait pas de préférence entre une série de petites acquisitions et une opération d'envergure.

Michelin dispose d'une puissance de frappe de plus de 5 milliards d'euros pour des acquisitions, a précisé son directeur financier, Yves Chapot, qui a également rappelé les engagements du groupe pour "décarboner" son cœur de métier. L'industriel entend réduire de 50% ses émissions de CO2 entre 2010 et 2030 et incorporer jusqu'à 100% de matériaux durables dans ses pneus en 2050, contre moins de 30% aujourd'hui.

C'est bien la décarbonation et l'innovation liées au pneu -- pour l'adapter aux exigences du véhicule électrique - qui concentreront l'essentiel des investissements du groupe au cours des prochaines années. Les dépenses d'investissement atteindront 2,2 milliards à 2,4 milliards d'euros en 2023, contre 2 milliards d'euros en 2022, et devraient rester stables au cours des années suivantes, a indiqué Yves Chapot. "Nous accélérons nos investissements non seulement pour atteindre nos objectifs en matière de décarbonation mais aussi parce que le retour sur investissement sera rapide dans un contexte de prix de l'électricité élevé", a souligné le directeur financier.

-François Schott, Agefi-Dow Jones; 01 41 27 47 92; fschott@agefi.fr ed: LBO

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March 13, 2023 13:47 ET (17:47 GMT)