BORDEAUX, 8 octobre (Reuters) - Patrice de Maistre, l'ancien gestionnaire de fortune de l'héritière de L'Oréal Liliane Bettencourt, est à nouveau entendu depuis lundi matin par le juge qui examine une piste politique susceptible de conduire à Nicolas Sarkozy.

Patrice de Maistre, arrivé au tribunal de Bordeaux en compagnie de ses avocats, n'a fait aucune déclaration.

Il devait être entendu cette fois sur un éventuel "trafic d'influence", selon une source proche du dossier. Ce volet de l'affaire porte sur la Légion d'honneur que lui a remis personnellement en 2008 Eric Woerth, ministre du Budget, dont l'épouse avait été embauchée dans la société de Patrice de Maistre l'année précédente.

Patrice de Maistre a été mis en examen en juin dernier pour ces faits alors qu'il était en détention à la maison d'arrêt de Gradignan dans le cadre d'un autre volet de l'affaire, celui visant les délits d'"abus de faiblesse, complicité d'abus de confiance et escroquerie aggravés par l'état de vulnérabilité au préjudice de Liliane Bettencourt et blanchiment".

Libéré après trois mois de détention, Patrice de Maistre est sous contrôle judiciaire et a dû acquitter au total quatre millions d'euros de cautions.

Les trois juges, Jean-Michel Gentil en tête, ont multiplié les auditions dernièrement, notamment dans l'entourage de Nicolas Sarkozy. Un financement politique en espèces de sa campagne en 2007 avec de l'argent extrait de la fortune Bettencourt par Patrice de Maistre est soupçonné.

Après des perquisitions avant l'été au domicile et au bureau de l'ancien chef d'Etat, l'ex-procureur de Nanterre (Hauts-de-Seine) Philippe Courroye a été entendu comme témoin en raison de soupçons de pressions sur l'Elysée sur ce magistrat à l'époque où il conduisait l'enquête, en 2007-2010.

L'avocat de Nicolas Sarkozy, Thierry Herzog, et des proches collaborateurs à l'Elysée, l'ex-secrétaire général Xavier Musca, ainsi que ses deux anciens conseillers pour la justice Patrick Ouart et Jean-Pierre Picca, ont aussi été entendus à la brigade financière à Paris.

Tous ont été interrogés sur des rendez-vous avec Nicolas Sarkozy en 2009, 2010 et 2011 et figurant dans les agendas saisis au domicile et dans les bureaux de l'ancien président de la République, alors que le juge Gentil enquête sur un éventuel financement illicite de la campagne électorale de 2007.

L'ancien ministre UMP Eric Woerth a également été de nouveau entendu le 5 septembre dernier et confronté à Claire Thibout, l'ancienne comptable de la famille Bettencourt.

Cette dernière a toujours maintenu que, pendant la campagne présidentielle de 2007, Patrice de Maistre lui avait réclamé 150.000 euros en liquide qu'il voulait remettre à Eric Woerth, alors trésorier de l'UMP. (Claude Canellas, édité par Thierry Lévêque et Yves Clarisse)