Les deux résolutions présentées par Phitrust et Comgest pour l’élection de deux nouveaux administrateurs indépendants d'EssilorLuxotitca n’ont pas été adoptées. Mais, avec un taux de participation de 75%, les scores obtenus par la résolution A pour la nomination de Wendy Lane (43,7%) et par la résolution B pour Jesper Brandgaard (35%) sont un signe positif et permettent de tirer des conclusions éclairantes, estiment les deux sociétés de gestion dans un communiqué.

Phitrust et Comgest observent que les équipes chargées de l'intégration ont présenté des éléments méthodologiques constructifs avec un discours plein d'élan. Reste à savoir s'il ne s'agit pas que d'un discours " de holding ", la réalité sur le terrain restant difficile à apprécier et ne pouvant être illustrée réellement que par des résultats chiffrés, soulignent-elles.
Pour Phitrust et Comgest, malgré l'accord du 12 mai dernier, de grandes incertitudes demeurent sur le fonctionnement de la gouvernance.
Tout en reconnaissant que l'accord de rapprochement a prévu la recherche d'un Directeur général à l'extérieur du groupe, Leonardo Del Vecchio a avoué qu'il préfèrerait une personnalité ayant une connaissance de l'intérieur des sociétés, constatent les deux groupes.

La levée de bouclier de Delfin contre la nomination de nouveaux administrateurs et son impact sur les votes illustre la réalité de l'exercice du pouvoir dans le nouvel ensemble.

Pour les deux gérants, elle laisse hélas aussi entrevoir ce qui pourrait se passer au-delà de l'assemblée générale de 2021 avec la prise de contrôle effective par Delfin d'EssilorLuxottica, alors que les " autres minoritaires " (64% des droits de vote) se verront léser d'une prime de contrôle.
A l'issue de cette assemblée poursuivent Phitrust et Comgest, on peut estimer que la rareté, voire l'absence de prise de parole du premier dirigeant d'EssilorLuxottica font craindre que la crise de gouvernance actuelle ne soit qu'un prélude, qui pourrait hypothéquer la bonne exécution du processus de rapprochement. Cela d'autant plus que la plus grande opacité règne sur le devenir de Delfin et les dispositions de Leonardo Del Vecchio pour assurer sa succession.

Pour les deux sociétés de gestion, reste à espérer que les initiatives prises par sept actionnaires professionnels et les résultats des votes de l'assemblée (notamment sur les rémunérations des dirigeants) marqueront suffisamment les administrateurs actuels d'EssilorLuxottica pour qu'ils en tirent des enseignements quant à la nécessité d'ouvrir leur gouvernance, de donner des éléments objectifs sur la réalité et la pérennité de ce rapprochement.

En conséquence,  Phitrust et Comgest réitèrent leur souhait que le conseil d'administration considère la possibilité de nommer nos deux candidats de son propre chef.