Northern Rock, la banque qui revenait de loin
Qui est donc ce Northern Rock ? C'est une banque anglaise dont le métier principal est le crédit hypothécaire. Petite banque régionale, Northern Rock a cru très rapidement, au point de devenir l'une des huit premières banques du Royaume-Uni. Pour trouver assez de fonds à prêter afin de soutenir une telle croissance, les dépôts des clients ne suffisent pas. Les prêts consentis par Northern sont donc adossés majoritairement sur de l'argent emprunté sur les marchés de capitaux. Le tout était de trouver des prêteurs, et de prêter de nouveau les sommes à un taux supérieur.

Tout allait très bien durant une période de taux durablement bas. Puis ces derniers sont remontés... et est arrivée la crise des « subprimes », provoquée par une hausse sensible des défauts de paiement de ménages US sur leurs prêts immobiliers. A gros traits, les établissements financiers se sont brutalement rendu compte qu'ils prêtaient de l'argent... à un tas de gens dans des conditions qu'ils ne maîtrisaient pas.

La peur étant comme souvent mauvaise conseillère, les banques ont d'un coup cessé de se prêter entre elles. La confiance règne... Quand elles ont repris leurs activités, c'était à des taux nettement supérieurs. Northern Rock n'a pu résister à la combinaison de ces deux chocs. Au point que la Banque d'Angleterre puis le gouvernement n'ont pas été de trop pour garantir l'argent épargné par ses clients... Vu l'état de ses comptes, Northern n'a pas d'avenir si elle n'est pas rachetée. Et justement, vendredi dernier, la période de soumission des offres de reprise s'est achevée.

Virgin sur les rangs
Comme l'action de Northern Rock a perdu près de 90% de sa valeur en trois mois, elle intéresse du monde. Comme l'un des métiers du groupe multicarte Virgin est la banque de détail, son patron Richard Branson a est intéressé par le dossier. L'opération n'étant pas aisée, Virgin s'est allié avec l'assureur américain AIG et trois fonds d'investissement. Virgin se veut le repreneur le plus rassurant, face des fonds d'investissement US comme Cerberus, Blackstone, Lonestar...

Pas de doute, Branson n'est plus fâché avec la Bourse : la reprise éventuelle de Northern se ferait à hauteur de « au moins 75% » de son capital, en laissant le solde sur le marché, selon le quotidien The Daily Telegraph. En revanche, le communiqué de Virgin annonce d'ors et déjà qu'en cas de succès, toute la stratégie de croissance et de ventes de la banque sera revue. C'est bien le moins...

Le milliardaire britannique Richard Branson est décidément un touche-à-tout : parallèlement la vente de CD – expérience terminée : ses Virgin Megastores seront bientôt tous vendus ou franchisés -, la transport aérien et combien d'autres domaines, le groupe Virgin s'occupe aussi d'argent : crée en 1995, la banque Virgin Direct – aujourd'hui Virgin Money – s'est lancée rapidement dans le crédit immobiliers et à la consommation, et les produits d'épargne comme l'assurance-vie. Ceci dit, Virgin Money peine à démarrer : elle ne réalise « que » 110 M€ de ventes en 2006, avec l'équivalent de 4 milliards (Mds) d'euros d'encours de crédits immobiliers, contre 150 Mds € pour Northern. Voilà l'occasion de croître nettement plus vite !