Voici la version des faits de Boris Berezovski, rapportée par Reuters : « j'achetais des cadeaux à Sloane Street et je sortais de Dolce & Gabbana quand mes gardes du corps m'ont dit qu'Abramovitch était chez Hermès, juste à côté de Dolce & Gabbana. Lorsqu'il m'a vu, Abramovitch a tenté de se planquer derrière ses gardes du corps. Je lui ai jeté la feuille à ses pieds en lui disant que je l'assignais en justice, puis j'ai tourné les talons et j'ai quitté le magasin ».

Boris Berezovski, dont la fortune commence par l'exportation – dans des conditions controversées – de voitures Lada, jouait un rôle influent auprès de Boris Eltsine, qu'il soutenait par l'intermédiaire des médias alors en sa possession. De concert avec Abramovitch, il a ainsi pu acheter à l'Etat, et à bon compte, des parts de la compagnie aérienne Aeroflot, dans la société pétrolière Sibneft et l'aluminier RUSAL.

Personnage sulfureux comme la plupart des oligarques, Berezovski est ensuite tombé en disgrâce à la fin des années 90, avant que Vladimir Poutine – qui n'appréciait guère son côté pro-occidental – ne le contraigne à la fuite en 2000. Il a obtenu l'asile politique au Royaume-Uni et possède également la nationalité israélienne. Depuis la Russie, il est poursuivi la la justice russe pour abus de bien sociaux et détournement de fonds, mais Londres refuse l'extradition. Il a dernièrement fait la une de l'actualité suite à l'assassinat à Londres de l'ex-agent russe Alexandre Litvinenko, et se présente comme un opposant politique au président russe actuel.

Abramovitch et Berezovski sont en conflit ouvert depuis que le premier a récupéré les parts du second, en exil, dans leurs investissements communs en Russie. C'est très vraisemblablement le contenu de la lettre évoquée par Boris Berezovski dans ses propos ci-dessous.

Pour la petite histoire, on estime que Sibneft, qui a coûté au pire 200 millions de dollars à ses acheteurs, a rapporté 13 milliards à Abramovitch lorsqu'il l'a revendu à Gazprom en 2005. Et la justice russe n'est pas la seule à chercher des noises à M. Berezovski : cet été, le Brésil a émis un mandat d'arrêt contre lui pour blanchiment d'argent du temps où il était actionnaire d'Aeroflot.