DETROIT (Agefi-Dow Jones)--Le constructeur automobile Groupe PSA (UG.FR) met à profit le rachat d'Opel, ex-division allemande de General Motors, pour poser les jalons techniques qui doivent lui permettre de proposer une gamme de produits capable de répondre aux normes américaines. Une étape déterminante pour le groupe français qui cherche à entrer sur le lucratif marché américain, après plusieurs décennies d'absence.

L'entreprise n'écarte pas un partenariat avec Fiat Chrysler pour se donner dès le début les moyens de ses ambitions en Amérique du Nord, mais de récents commentaires de la part de la direction de Fiat Chrysler ont rendu cette alliance peu probable.

Lors d'une table ronde jeudi, le président du directoire de PSA, Carlos Tavares, a déclaré que son groupe s'en tenait à son plan sur dix ans devant aboutir à un retour sur le marché américain en 2026. Il a jugé qu'une étape importante de ce plan avait été franchie avec la centralisation du développement de produits sur le site de Rüsselsheim, en Allemagne, berceau d'Opel.

Un marché incontournable

Carlos Tavares a déclaré jeudi que l'entreprise avait besoin d'entrer sur un marché américain pourtant déjà saturé pour réduire les risques auxquels fait face un acteur dépendant de son marché intérieur.

Le projet de Carlos Tavares comporte de nombreux risques. Les consommateurs américains sont exigeants et mal juger le marché revient à perdre en rentabilité pour un constructeur automobile. Nissan, où Carlos Tavares travaillait précédemment, a vu ses bénéfices s'éroder au premier semestre, plombés par les importantes mesures que le groupe a dû prendre pour attirer les consommateurs.

Une possibilité pour les constructeurs comme PSA est de s'allier à un grand acteur du marché américain. Le patron de Fiat Chrysler, Sergio Marchionne, a déclaré à plusieurs reprises ces dernières années que le groupe italo-américain avait besoin d'un partenaire. Mais Carlos Tavares a souligné que les déclarations récentes de Sergio Marchionne selon lesquelles PSA ne constituerait pas un bon partenaire donnaient de bonnes raisons de douter d'une alliance entre les deux entreprises.

Même sans partenaire, PSA a de bonnes raisons de s'adapter au marché américain. Les moteurs diesel - l'un des champs de spécialisation de PSA - perdent en popularité à la suite du scandale sur les émissions des moteurs diesel de Volkswagen. De plus, les consommateurs sur de nombreux marchés clés délaissent progressivement les berlines et les voitures compactes, obligeant les entreprises qui ne sont pas présentes aux Etats-Unis à être davantage capables de produire les automobiles que les Américains préfèrent.

PSA devrait ainsi investir davantage dans les moteurs à essence, qui restent omniprésents aux Etats-Unis. Le groupe devrait aussi ajouter à sa gamme de véhicule davantage de SUV, surtout s'il veut se développer davantage en Chine.

-John Stoll, The Wall Street Journal

(Version française Julien Marion) ed: VLV