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Aperçus des marchés
Estomper la correction du marché, mais pour combien de temps?
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Le 5 avril 2022
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Selon le chef de la direction et chef des investissements d'AGF, la vigueur de l'économie et des marchés des capitaux dépend de la capacité de la Réserve fédérale américaine et d'autres banques centrales à trouver le juste équilibre par rapport aux taux d'intérêt.

Après avoir fait l'objet de ventes massives pendant une bonne partie du premier trimestre, les marchés boursiers se sont fortement redressés durant les dernières semaines. Les investisseurs peuvent-ils en déduire que le pire est passé?

Les actions ont connu une belle remontée depuis le creux atteint au début de mars, et elles pourraient réaliser d'autres gains étant donné la trajectoire actuelle. Toutefois, le contexte demeure hautement incertain et une volatilité accrue est à prévoir.

La guerre en Ukraine demeure l'un des principaux risques. Même si les pourparlers en vue d'un cessez-le-feu ont quelque peu calmé les inquiétudes des marchés, la résolution du conflit semble encore loin et il pourrait plutôt s'intensifier après que de nouveaux rapports ont révélé que les troupes russes ont tué des dizaines de citoyens ukrainiens non armés. D'une façon ou d'une autre, les répercussions de la guerre sur les investisseurs seront inévitablement de longue durée, surtout en ce qui concerne les marchés des produits de base destinés à l'alimentation et à l'énergie. En effet, ceux-ci ont été grandement perturbés par les pénuries et ils devraient demeurer dysfonctionnels même si un accord entre la Russie et l'Ukraine était conclu prochainement.

L'autre risque d'envergure - et peut-être le plus important - est le fait que la Réserve fédérale américaine (Fed) a amorcé son cycle de hausses de taux le mois dernier et qu'elle a annoncé son intention de resserrer sa politique monétaire durant l'année dans l'espoir de freiner l'inflation, laquelle s'intensifie à un rythme inégalé depuis des décennies aux États-Unis. D'une certaine façon, la Fed (et d'autres banques centrales comme la Banque du Canada) est aux prises avec un problème épineux. Si elle ne relève pas les taux d'une manière assez énergique, le niveau actuel d'inflation pourrait persister et freiner davantage la croissance économique en nuisant aux dépenses de consommation discrétionnaire. Pensez-y : si les gens consacrent plus d'argent pour l'essence et l'épicerie, ils en ont moins pour d'autres biens et services qui propulsent l'économie mondiale. Mais si la Fed relève les taux trop rapidement ou dans une trop grande proportion et que les coûts d'emprunt pour les consommateurs et les entreprises emboîtent le pas, les conséquences sur la croissance économique pourraient être tout aussi négatives, voire pires. Il est donc essentiel que la Fed et les autres banques centrales trouvent le juste équilibre, ce qui est souvent plus facile à dire qu'à faire. Comme l'histoire le montre, la plupart du temps, les récessions naissent des erreurs de politique.

Comment les investisseurs sauront-ils que les banques centrales ont trouvé le juste équilibre et qu'elles effectuent un « atterrissage en douceur » pour l'économie?

Évidemment, il y a les statistiques officielles du gouvernement sur la croissance du PIB, l'inflation et les dépenses de consommation. Il faut cependant garder à l'esprit que ces statistiques sont publiées avec un certain décalage et qu'elles représentent ce qui s'est déjà produit, et non ce qui se produira. Compte tenu de la conjoncture, l'issue idéale pourrait être une série de baisses modérées durant les prochains mois. Par rapport aux niveaux actuels, cela indiquerait que l'économie est toujours en mesure de croître modestement malgré les taux plus élevés, mais aussi que ces derniers entraîneront une baisse des prix à la consommation.

Les indices mondiaux des directeurs d'achats (indices PMI) mesurant l'activité manufacturière sont un autre bon indicateur de la santé de l'économie. À l'heure actuelle, les indices PMI sont supérieurs à 50 dans de nombreux pays, ce qui indique une expansion du cycle économique, selon Markit Economics. Par exemple, aux États-Unis, l'indice PMI S&P a atteint 58,5 en mars, son plus haut niveau en 6 mois. Encore une fois, connaître la position actuelle des indices PMI aujourd'hui est accessoire; il faut plutôt s'interroger sur la direction qu'ils prendront. Il n'est pas déraisonnable de penser qu'ils chuteront sous l'effet de l'incertitude dont nous avons parlé, mais ils ont encore beaucoup de chemin à faire avant d'indiquer quelque chose de plus inquiétant, comme une récession.

Bien entendu, tous les regards sont tournés vers la courbe des taux des obligations du Trésor américain, qui est bien différente de celle des indices PMI à l'heure actuelle. Cela s'explique par le fait que certaines parties de la courbe se sont inversées ces derniers jours, dont le segment de l'écart de taux des obligations à 2 ans et à 10 ans, ce qui a été l'un des indicateurs les plus fiables des ralentissements économiques dans le passé.

À titre de rappel, une inversion se produit lorsque les taux à court terme d'un écart donné sont plus élevés que les taux à long terme. Bien qu'il soit difficile de savoir exactement pourquoi cela pourrait mener à une récession, l'une des principales raisons pourrait être son incidence négative sur les banques qui recourent toujours grandement aux emprunts à court terme à de faibles taux et aux prêts à long terme à des taux plus élevés pour faire de l'argent. Autrement dit, lorsque les taux s'inversent, les banques sont moins disposées à prêter, ce qui freine la croissance.

Fait intéressant, il peut s'écouler des mois avant que la croissance économique devienne négative à la suite d'inversions de la courbe. De plus, l'inversion de l'écart de taux des obligations à 2 ans et à 10 ans comme baromètre de récession ne fait pas l'unanimité. Certaines personnes choisissent plutôt de se concentrer sur l'inversion de l'écart de taux des obligations à 3 mois et à plus long terme, qui, à ce jour, sont loin de s'inverser, selon les données de Bloomberg. D'une façon ou d'une autre, la récession ne semble pas imminente. Toutefois, la courbe des taux des obligations du Trésor américain est peut-être l'indicateur le plus important de l'évolution de l'économie et elle devrait être surveillée de près.

Au-delà de ces indicateurs, à quoi les investisseurs peuvent-ils s'attendre à la suite de la publication des bénéfices du premier trimestre plus tard ce mois-ci?

Comme toujours, la période de publication des bénéfices sera scrutée à la loupe, et devrait jouer un rôle clé dans l'orientation des marchés boursiers pendant les prochains mois. Les sociétés qui, de façon à compenser l'inflation accrue du dernier trimestre, ont augmenté leurs prix pour maintenir leurs marges bénéficiaires devraient être mieux placées pour dégager des rendements supérieurs aux attentes par rapport à celles qui ne l'ont pas fait - de manière générale du moins. Toutefois, les prévisions de bénéfices futurs pourraient occuper une place plus importante pour déterminer la réaction des investisseurs. Ceux qui affirment qu'ils continueront de gérer le risque inflationniste et de hausse de taux d'intérêt devraient en profiter le plus. Cependant, compte tenu des incertitudes liées à la guerre en Ukraine et au resserrement monétaire des banques centrales, il serait surprenant que les sociétés adoptent une position audacieuse par rapport à leurs perspectives pour les prochains trimestres.

Kevin McCreadie est chef de la direction et chef des investissements de La Société de Gestion AGF Limitée. Il collabore régulièrement àPerspectives AGF.

Renseignez-vous davantage à propos de nos compétences en matière d'investissement fondamental, alternatif et quantitatif.

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