Paris (awp/afp) - Airbus maintient ses objectifs financiers et de livraisons d'avions neufs pour 2023 malgré un bénéfice net plombé au premier trimestre par un nombre d'appareils remis à ses clients en recul et des ajustements comptables notamment liés aux taux de change.

Entre janvier et mars, l'avionneur européen a livré 127 avions, contre 142 (-11%) l'an passé, tandis que le bénéfice net a plongé de 62% au premier trimestre, à 466 millions d'euros.

Le chiffre d'affaires est lui en baisse de 2% à 11,76 milliards d'euros.

"Ces livraisons se reflètent dans les résultats du premier trimestre", note le président exécutif d'Airbus Guillaume Faury, cité dans le communiqué publié mercredi.

"D'un côté nos clients continuent d'avoir un gros appétit pour nos produits, comme le montrent certaines de nos récentes annonces commerciales telles que celle d'Air India (470 appareils commandés, NDLR), d'autre part, nous continuons d'observer un environnement mondial complexe et défavorable, avec des tensions persistantes dans la chaîne d'approvisionnement", a-t-il affirmé lors d'une conférence téléphonique.

Une partie des 18.000 fournisseurs d'Airbus est confrontée à des tensions d'approvisionnement sur les matières premières ou de composants ou encore à des problèmes de recrutement, provoquant des goulets d'étranglement et donc des retards au moment de l'assemblage final des avions.

Or les livraisons constituent un indicateur fiable de la rentabilité dans l'aéronautique car les clients paient la majeure partie de la facture au moment où ils prennent possession des avions.

Ainsi, le bénéfice opérationnel de la division avions commerciaux, de loin la principale source de revenus d'Airbus, plonge de 84%, à 197 millions d'euros.

Outre les moindres livraisons d'avions, cette chute traduit aussi un cours de change moins favorable que l'an passé - Airbus vend ses appareils en dollars.

L'avionneur a en outre dû déduire 360 millions d'euros de son bénéfice opérationnel ajusté en raison d'écarts de comptabilisation de paiements en dollars avant la livraison des appareils et leur réévaluation dans le bilan comptable une fois les avions remis aux clients. L'an passé, cet effet avait été positif de 190 millions d'euros.

"Plate" activité de défense

Les prévisions pour 2023 restent cependant "inchangées avec des livraisons d'avions commerciaux plus concentrées sur les derniers mois de l'année", selon Guillaume Faury.

Airbus maintient donc son objectif de livrer 720 appareils cette année, ce qu'il avait initialement prévu pour 2022, ainsi que les 6 milliards de bénéfice opérationnel ajusté prévus pour 2023.

L'avionneur maintient son objectif ambitieux de livrer 65 monocouloirs de la famille A320 (A320 et A321) par mois fin 2024 et 75 appareils par mois en 2026, contre 45 fin 2022.

Il compte également passer sa production mensuelle d'A220 de 6 à 14 d'ici le milieu de la décennie et augmenter ses cadences de production de long-courriers A330 de 3 à 4 par mois en 2024 et celles des A350 de 6 à 9 d'ici fin 2025.

Il s'agit de livrer au plus tôt les 7.254 appareils, dont 6.075 de la famille A320 qui figuraient fin mars dans son carnet de commandes, à des clients contraints d'atteindre souvent plusieurs années ces avions.

Si l'entrée en service de la version à très long rayon d'action de son A321, le XLR, est toujours prévue pour 2024, celle de la version cargo du gros-porteur A350 est décalée de "quelques mois", à 2026, en raison d'une "planification industrielle légèrement adaptée".

Dans les autres divisions, si le bénéfice de la branche hélicoptères a bondi au premier trimestre à 156 millions d'euros (+73%), celui des activités spatiales et de défense a chuté à 36 millions (-62%), "reflétant principalement la baisse du volume d'activité" selon le groupe.

"L'activité est plutôt plate en matière de défense", a observé Guillaume Faury, pour qui "les implications des décisions prises par les États d'augmenter leurs budgets de défense ne se sont pas encore traduites ni en commandes, encore moins en livraisons, sauf pour les munitions", qu'Airbus ne produit pas.

afp/rp