Zurich (awp) - Bucher Industries a confirmé mercredi les bons résultats pressentis fin janvier avec la publication de ses chiffres de ventes. La rentabilité tant opérationnelle que nette a dépassé les attentes de la communauté financière et les actionnaires se verront proposer un dividende rehaussé de près de moitié au titre de l'exercice écoulé.

Le résultat avant intérêts et impôts (Ebit) a rebondi de près de trois quarts (+72,4%) à 352,4 millions de francs suisses, pour une marge afférente de 11,1%, contre 7,4% un an plus tôt, et le bénéfice net a avancé à peu près dans les mêmes proportions (+77,2%) à 269 millions, a indiqué le groupe de Niederweningen dans un communiqué.

Forte de cette "bonne performance opérationnelle", l'entreprise proposera à ses actionnaires lors de l'assemblée générale du 12 avril prochain un dividende relevé de 46,2% à 9,50 francs suisses pour 2021, après s'être vu contraint de le raboter de 8,00 à 6,50 francs suisses l'année précédente.

Les chiffres du jour s'inscrivent tous dans le haut de la fourchette des projections brossées par les analystes du consensus AWP.

Et la direction de Bucher ne compte pas en rester là. Pour 2022, elle anticipe un chiffre d'affaires et un bénéfice net légèrement supérieurs à ceux enregistrés en 2021. Le ralentissement attendu de la demande devrait se traduire par une érosion de la rentabilité, mais la marge devrait se maintenir au-dessus de 10%.

Pas de menace financière

Revenant sur le conflit russo-ukrainien en conférence de presse, le directeur général (CEO) Jacques Sanche a assuré que celui-ci ne constituait pas une menace financière pour l'entreprise.

Le chiffre d'affaires réalisé l'année dernière dans les deux pays a totalisé quelque 70 millions de francs suisses, essentiellement en Russie, à comparer aux 3,2 milliards pour l'ensemble du groupe. En raison de la suspension du trafic des paiements avec la Russie, les flux sont destinés à tarir. "Nous ne pouvons livrer que ce qui a été payé, après ce sera fini", a affirmé le patron.

Bucher Industries dispose en Russie d'une unité de production et de montage pour un effectif de 140 collaborateurs, et en Ukraine d'un centre de distribution où travaille une trentaine d'employés, pour qui M. Sanche a exprimé sa préoccupation.

Problèmes d'approvisionnement

Les problèmes d'approvisionnement risquent de donner du fil à retordre au groupe encore quelque temps. Dans la division Kuhn Group (machines agricoles) près de 3000 véhicules n'ont pas encore pu être livrés faute de composants - sur une production annuelle de 60'000 unités - dont 2300 dans la seule usine de Saverne, en France, où la place manque pour stocker les machines.

"A Saverne, nous n'avons pu achever que 25% des machines", a indiqué le CEO de Bucher, signalant une "situation grave". Il s'attend toutefois à ce que ces produits puissent encore être livrés pendant l'année en cours.

A cela s'ajoute une pression croissante sur les salaires, en particulier aux Etats-Unis, où le constructeur de tracteurs John Deere a dû augmenter les salaires de 12%. "Nous ne le ferons pas dans ces proportions", a déclaré M. Sanche, la directrice financière (CFO) Manuela Suter laissant entendre qu'à l'échelle du groupe, la hausse des salaires devrait se situer entre 3 et 4%.

Bucher est une des entreprises suisses les plus touchées par les problèmes d'approvisionnement, estime Vontobel dans une note. La banque de gestion zurichoise salue le relèvement du dividende, ainsi que la solidité financière du groupe, dont le ratio de fonds propres dépasse les 50%.

Les investisseurs avaient quant à eux de la peine à se décider. Sur le coup de 13h00, la nominative Bucher cédait 0,5% à 393,20 francs suisses, après être passée plusieurs fois de part et d'autre de l'équilibre, alors que le marché dans son ensemble (SPI) reculait de 0,60%.

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