A l'ordre du jour, aucune résolution concernant les tractations en cours avec Teract et Intermarché ou sur la volonté du milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, déjà actionnaire à hauteur de 10%, de monter à son capital. Mais sous le feu nourri des questions des actionnaires évoquant un "mur de dettes" et réclamant des dividendes, Casino a assuré à maintes reprises que le désendettement était sa "priorité absolue". Le PDG Jean-Charles Naouri a indiqué qu'il restait "à vendre environ 300 millions d'euros d'actifs en France" avant la fin de l'année et a rappelé que le groupe avait déjà vendu environ 10 milliards d'euros d'actifs dans le cadre de sa stratégie de désendettement.

"En catimini"

A l'appel de la CGT, moins d'une cinquantaine de protestataires se sont rassemblés mercredi à proximité de la Maison de la Chimie (VIIe arrondissement de Paris), où Casino tenait son assemblée générale. "Il y a des départs volontaires, des ruptures conventionnelles, il y en a de partout. On n'arrive pas à avoir les chiffres exacts parce que tout se passe en catimini", a déclaré Ali Eloued, délégué syndical CGT qui s'est dit "inquiet (pour) le maintien de l'emploi". 

La situation financière de Casino, qui emploie 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, semble de plus en plus précaire, au point que l'agence de notation S&P a encore abaissé mardi soir la note du groupe, signifiant qu'il était proche de ne plus pouvoir rembourser ses dettes. Fin avril, sa maison mère, Rallye, ainsi que la cascade de holdings par lesquelles le PDG du groupe Jean-Charles Naouri en détient le contrôle, ont obtenu du tribunal de commerce de Paris l'ouverture d'une procédure amiable pour renégocier leur important endettement. Casino a indiqué étudier la possibilité d'ouvrir une procédure de conciliation avec ses créanciers.

Pour Daniel Kretinsky, qui a proposé le 24 avril d'injecter 750 millions d'euros dans le groupe (via une augmentation de capital réservée de plus d'un milliard d'euros au total), la situation financière de Casino "n'est plus tenable sans une intervention rapide", a-t-il dit dans Le Point. Selon La Lettre A mardi soir, l'homme d'affaires prépare même pour cette semaine une offre à destination d'une partie des créanciers, des grands institutionnels et des fonds d'investissements, pour faire avancer plus vite la restructuration avec une procédure de sauvegarde accélérée. "En réponse à la rumeur dont la presse s'est fait l'écho selon laquelle une offre serait faite prochainement aux créanciers non sécurisées par EP Global Commerce (un des véhicules d'investissement de M. Kretinsky, NDLR) en accord avec le groupe Casino, Casino dément avoir donné quelque accord que ce soit à une telle offre", a déclaré le groupe dans un communiqué.

Cours de Bourse en berne

M. Kretinsky n'est pas le seul prétendant: Casino discute d'un possible rapprochement avec le groupe Teract (Jardiland, Gamm vert, Boulangeries Louise), dont l'actionnaire majoritaire est le géant de l'agroalimentaire InVivo. Fin avril, la troisième chaîne de supermarchés en France, Intermarché, s'est jointe à ces discussions. "Ces discussions, en cours, restent conditionnées à la conclusion d'accords engageants entre les parties et dont le marché sera tenu informé", a déclaré Casino, soulignant qu'"il n'avait pas d'informations additionnelles à communiquer".

Le groupe a publié de mauvais chiffres pour son premier trimestre 2023, avec des ventes en baisse de 2,3% en France dans un contexte de forte inflation, qui gonfle mécaniquement le chiffre d'affaires de la grande distribution. Sa dette n'a pas baissé par rapport à fin 2022, stable à 4,5 milliards d'euros.

Les résultats financiers du groupe pèsent sur le cours de Bourse de Casino, qui tutoyait les 80 euros au milieu des années 2010 et s'échange autour des 7 euros aujourd'hui. A noter que le groupe est visé depuis le 5 février 2020 par une enquête préliminaire des chefs de "manipulation de cours en bande organisée, corruption privée active et passive" et "délit d'initié commis courant 2018 et 2019", avait indiqué en mars à l'AFP le Parquet national financier.

afp/al