par Dan Wilchins et Jonathan Stempel

Ce plan annoncé dimanche soir est actuellement la plus grosse opération de sauvetage d'une banque menée par le Trésor américain, dernière tentative en date pour soutenir un secteur financier en crise.

Le gouvernement va injecter également 20 milliards de dollars de capital dans Citigroup, deuxième banque américaine par le montant de ses actifs, en plus des 25 milliards déjà fournis auparavant à la banque dans le cadre du plan d'aide de 700 milliards de soutien au secteur financier.

Le gouvernement va recevoir des actions préférentielles Citigroup portant un dividende 8%, supérieur à celui de 5% versé par des dizaines de banques américaines bénéficiant du plan public américain de 700 milliards.

La banque ne va pas modifier sa direction ou remplacer son directeur général Vikram Pandit mais elle a accepté des restrictions concernant les salaires de ses dirigeants et d'essayer de faire évoluer les actifs immobiliers à problème dans le portefeuille de 306 milliards de dollars, alors que le gouvernement s'efforce d'éviter les saisies de maisons.

Citigroup ne pourra en outre pas verser un dividende de plus d'un cent par action ordinaire par trimestre, pendant trois ans, sans l'accord du département du Trésor. Le dividende trimestriel versé par Citigroup est actuellement de 16 cents.

Citigroup est la plus internationale des banques américaine, présente dans plus de 100 pays. De nombreux analystes estimaient que l'établissement était trop gros pour faire faillite, ce qui aurait entraîné un séisme financier mondial.

UN PLAN MODÈLE ?

Le président de la Réserve fédérale de New York Timothy Geithner, qui devait être choisi dans la journée comme successeur à Henry Paulson, a également participé de près à la mise en place du plan.

Citigroup, touchée de plein fouet par la crise du crédit, a fini en baisse de 20% vendredi à 3,77 dollars à la Bourse de New York et a perdu 60% sur la seule semaine dernière.

Citigroup a accepté d'absorber les premiers 29 milliards de dollars de pertes sur un portefeuille de 306 milliards, plus 10% de pertes additionnelles, pour une exposition maximale totale de 56,7 milliards de dollars.

Le Trésor américain pourrait au final absorber 5 milliards de dollars de perte, la Federal Deposit Insurance Corp. (FDIC) 10 milliards de dollars et la Réserve fédérale américaine le reste.

Dans le détail, le Trésor va recevoir pour 24 milliards de dollars d'actions préférentielles Citigroup et le FDIC pour 3 milliards. Sur les 27 milliards de dollars d'actions émises par Citi, 7 milliards serviront à régler une garantie pour le gouvernement.

Ce plan de sauvetage pourrait servir de modèle pour aider d'autres banques dans le monde, confrontées à des pertes croissante en raison de la crise du crédit et du fort ralentissement économique mondial.

Les pertes de crédit des banques, concentrées dans un premier temps dans les actifs liés aux prêts immobiliers pour les particuliers, se diffusent actuellement dans de nouveaux compartiments comme les cartes de crédit ou l'immobilier commercial.

"Le marché veut des assurances concernant les pertes" de Citigroup, a estimé Blake Howells, responsable de la recherche sur les actions chez Becker Capital Management, à Portland, dans l'Oregon.

"Ce plan semble énorme dans sa taille et sa portée", juge de son côté Tony Morriss, chez ANZ Bank, à Sydney.

La principale raison derrière le sauvetage de Citigroup est de restaurer la confiance dans le système financier et les grandes institutions financières, ont indiqué lundi de leur côté des responsables du gouvernement américain.

Le président de la Réserve fédérale Ben Bernanke et le secrétaire au Trésor Henry Paulson ont travaillé avec les responsables tout le week-end pour mettre en place le plan de sauvetage, ont indiqué ces responsables à la presse lundi au petit matin.

Le Trésor a précisé que la Réserve fédérale se tenait prête à apporter d'autres garanties, éventuellement sous la forme d'un prêt.

Les futures sur les indices boursiers américains progressent lundi matin après l'annonce de ce plan de sauvetage.

Version française Stanislas Dembinski et Pascal Liétout