(Nouveau : notamment les cours actuels et les superviseurs bancaires de l'UE ainsi que le ministère des Finances)

ZURICH/FRANCFORT (dpa-AFX) - Après le "sauvetage d'urgence" du Crédit Suisse par la grande banque suisse UBS, les marchés financiers du monde entier ne se calment pas. Tant l'accord de plusieurs milliards de dollars en Suisse que les mesures prises par plusieurs banques centrales pour approvisionner le système financier en liquidités n'ont pas pu faire grand-chose lundi contre les craintes d'une crise bancaire durable.

Le défaut total de certains emprunts de la grande banque suisse, qui se profile, a notamment pesé lourdement sur les cours très fluctuants des banques et des assureurs. C'est pourquoi de nombreuses valeurs du secteur ont été sous pression en Asie. Les bourses européennes ont ensuite effacé leurs pertes initiales importantes à la mi-journée. Même le Dax, qui avait commencé en demi-teinte, est revenu dans la zone des gains lundi à midi.

Les superviseurs bancaires de l'Union européenne ont souligné la stabilité du marché bancaire. "Le secteur bancaire européen est résilient et dispose de solides niveaux de capital et de liquidités", ont déclaré le superviseur bancaire de la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds européen de résolution bancaire (SRB) et l'Autorité bancaire européenne (ABE). Le gouvernement fédéral allemand a également réaffirmé la stabilité du système financier allemand.

UBS rachète sa petite rivale locale pour trois milliards de francs suisses (un peu plus de 3 milliards d'euros). Elle assume en outre des pertes pouvant aller jusqu'à cinq milliards de francs. A cela s'ajoutent une garantie de perte de l'Etat de 9 milliards de francs et des promesses de liquidités pouvant atteindre 200 milliards de francs.

La Banque nationale suisse (BNS) soutient l'opération en fournissant des liquidités et en accordant aux banques un prêt pouvant atteindre 100 milliards de francs. En outre, la BNS pourrait accorder au Crédit Suisse un prêt d'aide à la liquidité d'un montant maximal de 100 milliards de francs, garanti par une garantie de bonne fin de la Confédération. Le gouvernement suisse a assuré à l'UBS une garantie de 9 milliards de francs. D'autres banques centrales ont salué ces mesures.

L'acquisition du Credit Suisse, deuxième banque suisse, par la plus grande UBS est la fusion bancaire la plus importante en Europe depuis la crise financière d'il y a 15 ans. Elle signifie la fin du Credit Suisse, vieux de 167 ans, dont le siège social se trouve sur la Paradeplatz à Zurich, en face de sa rivale acharnée UBS.

Le gouvernement suisse à Berne a subi des pressions considérables pour stabiliser la situation et soutenir le Credit Suisse. En effet, le Credit Suisse est l'un des plus grands gestionnaires de fortune au monde et fait partie des 30 banques d'importance systémique mondiale dont la défaillance ébranlerait le système financier international.

Le président de la Confédération suisse, Alain Berset, a déclaré que "le Conseil fédéral est convaincu que cette acquisition est la meilleure solution pour rétablir la confiance". L'opération est importante pour la stabilité de la place financière suisse, a-t-il ajouté. Le président de la BNS, Thomas Jordan, a souligné que la réputation était essentielle pour l'économie de la Suisse. La ministre des Finances Karin Keller-Suter a déclaré que la Confédération avait accordé la garantie de 9 milliards de francs suisses pour couvrir les risques du Credit Suisse. "Les contribuables n'ont que peu de risques" - tout autre scénario aurait entraîné des coûts plus élevés.

Le président du conseil d'administration d'UBS, Colm Kelleher, a parlé d'une énorme opportunité pour UBS. L'autorité suisse de surveillance des marchés financiers, la Finma, a salué la solution de rachat ainsi que les mesures prises par la Confédération et la Banque nationale suisse (BNS). Le Credit Suisse présentait un risque d'insolvabilité, même si la banque restait solvable, a-t-on ajouté.

Le Credit Suisse a récemment souffert d'une perte de confiance considérable de la part des investisseurs. Le cours de l'action avait chuté à un niveau record après que le principal investisseur de la banque eut exclu de lui fournir des capitaux supplémentaires et que l'établissement eut continué à faire face à des sorties de fonds.

La fusion en un nouveau géant du secteur devrait, selon UBS, donner naissance à un établissement financier dont les actifs sous gestion s'élèveront à plus de 5 000 milliards de dollars. Le total du bilan d'UBS, qui emploie plus de 72 000 personnes, s'élevait en 2022 à l'équivalent de 1 030 milliards d'euros, et celui de Credit Suisse, qui emploie un peu plus de 50 000 personnes, à l'équivalent de 535,44 milliards d'euros. UBS a réalisé un bénéfice de 7,6 milliards de dollars (actuellement 7,07 milliards d'euros) en 2022. Le Credit Suisse a en revanche affiché une perte de 7,3 milliards de francs (7,4 milliards d'euros)./mrd/oe/stw/nas/DP/ngu