Paris (awp/afp) - Les banques françaises dévoilent tour à tour leur exposition à coup de milliards d'euros en Russie et Ukraine, avec la volonté de rassurer les investisseurs inquiets de l'impact économique de la guerre.

Société Générale, la plus exposée

Société Générale fait partie des grandes entreprises françaises les plus impliquées en Russie: elle y est présente à travers sa filiale Rosbank, un poids lourd du secteur bancaire russe qui compte quelque 12'000 salariés.

Au 31 décembre 2021, le groupe était exposé à hauteur de 18,6 milliards d'euros (19,1 milliards de francs suisses) dans le pays, dont 15,4 milliards juste pour Rosbank, a-t-elle indiqué par communiqué jeudi dernier.

La banque au logo rouge et noir a assuré à cette occasion que son "exposition à la Russie est limitée à 1,7% de l'exposition totale du groupe".

Société Générale s'est également dit "tout à fait en mesure" de résister à une éventuelle perte de contrôle de Rosbank. Une dépréciation totale de sa filiale lui coûterait 2,7 milliards d'euros, soit près de la moitié de son bénéfice net l'an dernier, une facture ramenée à 1,8 milliard d'euros "une fois les engagements portés par Rosbank annulés".

En Ukraine, la banque française est moins exposée: elle y opère principalement au travers de sa filiale de leasing automobile ALD, qui se concentre sur "une clientèle d'entreprises internationales" et était engagée au 31 décembre 2021 à hauteur de 80 millions d'euros dans le pays.

Crédit Agricole et BNP Paribas: plusieurs milliards engagés

Crédit Agricole opère en Russie et en Ukraine à travers deux filiales, dont une spécialisée en banque de financement et d'investissement sur le sol russe.

Ses "engagements commerciaux" en Ukraine s'élevaient à 1,5 milliards d'euros au 31 décembre, "soit environ 0,15% des engagements commerciaux" du groupe, a-t-elle indiqué lundi.

En Russie, ils représentaient un total de 4,5 milliards d'euros (dont 1,5 milliards "hors-bilan"), environ 0,45% des engagements du groupe.

BNP Paribas a précisé mercredi que son exposition à l'Ukraine s'élevait à 1,7 milliard d'euros, soit 0,09% des engagements totaux du groupe. En Russie, elle est de 1,3 milliard d'euros ou 0,07% de ses engagements.

Devant "la gravité de la situation actuelle et les impacts humanitaires de l'agression contre l'Ukraine", le groupe a cependant décidé de reporter à une date ultérieure un événement à destination des investisseurs prévu le 14 mars.

Le groupe BPCE (réseaux Banque Populaire, Caisse d'Épargne et l'ancienne banque Natixis) et Crédit Mutuel sont beaucoup moins exposés aux deux pays en guerre, à hauteur de 851 millions et 150 millions d'euros respectivement.

Occuper le terrain

Derrière ces communications successives des banques françaises, "il y a une volonté de rassurer le marché", explique à l'AFP Laurent Le Grin, analyste de Degroof Petercam AM.

"L'idée de cette communication est d'informer le marché sur les 'vraies' estimations donc les 'vrais' risques et d'avoir une estimation correcte de ce qu'elle peuvent perdre", poursuit-il.

Un vent de panique a soufflé sur les marchés financiers depuis le début de l'invasion russe le 24 février, avec de lourdes pertes en Bourse pour les entreprises les plus présentes en Russie.

Entre le sommet atteint le 10 février dans la foulée de la publication de résultats 2021 record et un point bas lundi, l'action Société Générale a par exemple perdu la moitié de sa valeur.

Elle refaisait une petite partie de son retard mercredi, gagnant près de 10% vers 14H00.

D'après Laurent Le Grin, le risque pour les banques n'est toutefois pas aussi important que lors de la crise financière de 2008. "Les expositions sont limitées et le contexte est différent", soutient-il.

afp/al