Credit Suisse et UBS décrochent en Bourse après le rachat de la première par la seconde, sous la pression d'autorités suisses soucieuses de mettre un terme à une dangereuse perte de confiance dans le système bancaire. Plus forts repli du SMI, Credit Suisse dévisse de plus de 60% à 0,731 franc suisse et UBS de plus de 8% à 15,675 francs suisses, entraînant le secteur bancaire européen dans leur sillage. UBS déboursera 3 milliards de francs suisses pour racheter sa rivale fondée en 1856.

Selon les termes de la transaction, les actionnaires du Credit Suisse recevront 1 action UBS pour 22,48 actions Credit Suisse détenues, ce qui équivaut à 0,76 franc suisse par action.

Dans le cadre de cette opération, UBS bénéficie d'une protection 25 milliards de francs contre notamment d'éventuelles dépréciations et les coûts restructurations, ainsi qu'une protection supplémentaire de 50% sur les actifs non-stratégiques.

La Confédération a ainsi accordé une garantie de 9 milliards de francs à l'acquéreur "afin de réduire les risques que cet établissement encourt du fait de l'acquisition de certains actifs pouvant potentiellement subir des pertes, dans la mesure où ces éventuelles pertes devaient dépasser un seuil déterminé ".

" Le soutien exceptionnel de l'État déclenche un amortissement complet de la valeur nominale de tous les emprunts AT1 de Credit Suisse pour un volume d'environ 16 milliards de francs, et donc une augmentation des fonds propres de base ", a expliqué en outre l'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA. 

Selon les analystes, cette décision augmentera probablement le coût du capital pour les banques. Selon la hiérarchie, les actionnaires auraient du tout perdre avant que ces instruments de capital hybrides soient concernés.

Les deux banques disposent d'un accès sans restrictions aux facilités proposées par la Banque nationale suisse, par lesquelles elles peuvent obtenir des liquidités. Credit Suisse et UBS peuvent en outre obtenir une aide sous forme de liquidités jusqu'à concurrence de 100 milliards de francs au total au moyen d'un prêt couvert par un privilège en cas de faillite.

UBS prévoit des réductions de coûts de plus de 8 milliards de dollars par an d'ici à 2027.

Comme points négatifs de cette opération, Deutsche Bank souligne qu'UBS entreprend " un effort massif de restructuration et d'intégration ". " Le groupe hérite également du profil de risque et des risques de litige du Credit Suisse, qui ont été historiquement pires que les siens ".

D'un point de vue stratégique, ce rachat aura comme effet positif d'augmenter les encours d'UBS de plus de 40% dans la gestion d'actifs et de plus de 20% dans la gestion de fortune, explique l'analyste.

Les activités combinées dans la banque d'investissement représenteront environ 25 % des actifs pondérés des risques.

UBS prévoit que la transaction aura un effet relutif sur le bénéfice par action d'ici à 2027 et que la banque restera capitalisée bien au-delà de son objectif d'un ratio de fonds propres 13 %.

La transaction n'est pas soumise à l'approbation des actionnaires. L'Autorité fédérale de surveillance des marchés financiers FINMA a déjà donné son feu vert.

" Soyons clairs, en ce qui concerne Credit Suisse, il s'agit d'un sauvetage d'urgence. (…) L'acquisition des capacités du Credit Suisse en matière de gestion de fortune, de gestion d'actifs et de banque universelle suisse renforcera la stratégie d'UBS consistant à développer ses activités à faible intensité de capital " a déclaré le président d'UBS, Colm Kelleher.