Zurich (awp) - Après une perte nette bien plus calamiteuse qu'attendu au deuxième trimestre, Credit Suisse change de directeur général. En poste depuis février 2020, après avoir remplacé Tidjane Thiam, Thomas Gottstein démissionne. Appelé à lui succéder, le patron de la gestion d'actifs, Ulrich Körner, aura pour première mission de mener une nouvelle revue stratégique en vue de renforcer la gestion de fortune, coeur de métier du numéro deux bancaire helvétique.

M. Körner, qui a rejoint Credit Suisse en avril 2021 en tant que directeur général de la division de gestion d'actifs, Asset Management, prendra ses nouvelles fonctions le 1er août prochain, a indiqué mercredi Credit Suisse. Auparavant, le bientôt sexagénaire a oeuvré onze ans durant au sein de la direction d'UBS, dont six à la tête de la division Asset Management. Avant d'occuper ce poste, il a assumé la fonction de directeur opérationnel (COO).

Le changement de patron intervient après les remaniements touchant la direction générale consécutifs à un premier trimestre déjà calamiteux qui avaient entraîné le départ du quart des membres du comité exécutif, dont les plus capés, tout en épargnant Thomas Gottstein. Avec M. Körner à la barre, Credit Suisse promet d'aller au-delà des résultats de l'examen stratégique de l'an dernier, compte tenu de l'évolution de l'environnement économique.

L'examen prévoit de renforcer les activités de gestion de fortune, de gestion d'actifs et de banque universelle en Suisse. Quant à la division de banque d'affaires, Investment Bank, promise de longue date et à chaque crise frappant Credit Suisse à un redimensionnement, celle-ci se verra focalisée sur des activités plus ciblées, en particulier des conseils, moins gourmandes en capitaux.

Transformation "fondamentale"

Elles s'inscriront à l'avenir comme complément de la gestion de fortune, notamment pour les super-riches, et la banque en Suisse. Dans le cadre de cette transformation "fondamentale", Credit Suisse veut en particulier évaluer les options pour sa plateforme de produits titrisés et d'autres activités de financement connexes. L'opération doit attirer des capitaux tiers, afin de libérer des ressources supplémentaires à allouer aux domaines de croissance.

La remise à plat des activités doit aussi permettre à Credit Suisse de ramener sa base de coûts à moins de 15,5 milliards de francs suisses à moyen terme, contre 16,8 milliards à fin juin. La réduction des charges entre 1 et 1,5 milliard interviendra en partie grâce à une transformation numérique à l'échelle du groupe.

Credit Suisse, qui n'a pas souhaité livrer d'indications quant à l'impact de l'examen au niveau du personnel, promet d'en aborder les détails et l'avancement lors de la publication de résultats du troisième trimestre 2022, le 27 octobre prochain.

Ces annonces, soulignent de l'aveu même de l'établissement la nécessité d'agir, alors que Credit Suisse a essuyé entre avril et fin juin un débours bien pire que les 254 millions attendus. Plombé notamment par son activité de banque d'affaires et un environnement de marché difficile, l'institut a subi une perte nette de 1,59 milliard de francs suisses, contre un bénéfice de 253 millions un an auparavant.

Gestion de fortune dans le rouge

La division de banque d'affaires a affiché une perte avant impôts de 1,11 milliard de francs suisses. Les activités de gestion de fortune ont elles aussi plongé dans le rouge. Le résultat a également été affecté par des provisions plus élevées pour litiges juridiques et autres positions. Et la suite de l'exercice ne s'annonce pas sous les meilleurs auspices, une nouvelle perte avant impôts se dessinant pour la banque d'affaires.

Les investisseurs peinaient à se déterminer, l'action Credit Suisse jouant au Yoyo à la Bourse suisse. Vers 11h50, elle perdait 0,14% à 5,151 francs suisses, alors que le SMI fléchissait de 0,12%.

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