Zurich (awp) - Si Dufry a pu accroître ses revenus l'an passé, les premiers chiffres de l'exercice en cours laissent déjà apparaître l'impact de la pandémie du nouveau coronavirus. Dans ses prévisions, l'exploitant bâlois de commerce hors taxe, fortement dépendant de l'industrie des voyages et du transport aérien, évoque un vague repli à un chiffre de ses ventes.

"En général, les influences extérieures telles que le coronavirus ne sont que temporaires et les tendances en matière de voyages ainsi que les ventes au détail dans le secteur se rétablissent rapidement après de tels événements", a déclaré jeudi devant la presse à Zurich, Julián Diáz, directeur général de Dufry.

Des événements antérieurs tels que le 11 septembre, l'apparition du virus Sars et la récession mondiale de 2009 en sont la preuve.

Grâce à sa structure de coûts très flexible, Dufry peut soutenir la génération de liquidités et sa rentabilité, a déclaré M. Diaz. De plus sa diversification devrait réduire l'impact de la pandémie. Et M. Diáz de rappeler la présence de l'entreprise dans 65 pays sur 420 sites et au travers de plusieurs canaux de distribution. Le groupe a aussi pris diverses mesures, notamment en vue de réduire les coûts.

Les activités ont souffert en particulier dans les points de vente exposés à la clientèle asiatique ainsi que dans les régions directement touchées par la propagation du coronavirus. Si les affaires avaient encore enregistré une accélération en janvier, celle-ci a été stoppée net le mois suivant, les ventes ayant chuté de 7,3% en termes organiques.

Chute attendue en mars

Entre le début de l'année et le 8 mars, la baisse s'est fixée à 3,8%. En mars, les revenus pourraient cependant subir une chute à deux chiffres, a estimé M. Diáz, alors qu'une éventuelle reprise pourrait intervenir dès mai ou juin.

Pour l'heure, le détaillant rhénan juge difficile d'estimer l'impact de la pandémie sur l'ensemble de 2020. Plutôt vague dans ses anticipations, Dufry table sur un recul de ses revenus à un chiffre en pourcent en termes organiques, pour autant que la situation se stabilise au 2e semestre.

L'an passé, Dufry a dégagé des revenus de 8,85 milliards de francs suisses, en hausse de 1,9% sur douze mois. La croissance organique, soit hors acquisitions, s'est inscrite à 3%, après une progression de 2,9% sur neuf mois. La dynamique s'est accélérée au 4e trimestre avec une expansion de 3,1%.

A surface de vente comparable, le chiffre d'affaires annuel a crû de 0,6%, les nouvelles concessions contribuant à la progression pour 2,4%. Les effets de change ont pesé à hauteur de 1,2%, reflet de l'appréciation du dollar ainsi que de l'affaiblissement de l'euro et de la livre britannique. Le bénéfice brut a crû de 2,4% à 5,32 milliards de francs suisses.

L'adoption sur l'exercice sous revue de la norme comptable IFRS16, s'est notamment traduite par des changements au niveau de la comptabilisation des contrats de prêts. De ce fait, tous les autres indicateurs en matière de rentabilité ne sont que difficilement comparables avec ceux de 2018.

Dans le rouge après minoritaires

Le résultat opérationnel avant intérêts et impôts (Ebit) ajusté a atteint 767,7 millions, la marge correspondante se fixant à 8,7%. Le bénéfice ajusté s'est lui monté à 349,3 millions de francs suisses.

Quant au bénéfice net publié, il s'est fortement contracté, chutant de 135,4 à 30,1 millions de francs suisses. Le résultat net après minoritaires s'est quant à lui inscrit dans le rouge, la perte se montant à 26,5 millions de francs suisses.

En dépit de ce repli, le conseil d'administration entend proposer à la prochaine assemblée générale un dividende inchangé de 4 francs suisses par action au titre de l'exercice sous revue. La performance de Dufry s'est révélée légèrement inférieure aux attentes des analystes.

Dans le détail des régions, toutes ont présenté une croissance des revenus, à l'exception de l'Amérique latine, dont les ventes ont une nouvelle fois fléchi en termes organiques de 6,3%. Dans cette zone, l'ex-groupe Weitnauer a tout particulièrement souffert de la dépréciation du réal brésilien et du peso argentin.

L'évolution s'est révélée nettement plus favorable en Europe et en Afrique, les ventes y affichant une croissance organique de 5,6% à 3,85 milliards de francs suisses. En Amérique du Nord, elle s'est fixée à 2,1% à 1,47 milliard.

Dans le contexte des inquiétudes qu'ont suscité les nouvelles mesures prises pour endiguer la pandémie liée au coronavirus, l'action Dufry a particulièrement souffert. Elle a terminé en baisse de 41,2% à 27,36 francs suisses, dans un SPI en baisse de 9,11%.

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