L'opération, annoncée en septembre, permettra à Neoen de procéder comme prévu à une augmentation de capital de 450 millions d'euros afin de réaliser son programme d'investissement et d'atteindre d'ici fin 2021 une capacité en exploitation et en construction d'au moins 5 gigawatts (GW), contre 2 GW aujourd'hui.

Le montant total de l'offre pourrait atteindre un maximum de 711,5 millions d'euros - cession de titres existants incluse - en cas d'exercice intégral de l'option de surallocation.

Le fonds Impala de Jacques Veyrat, qui détient actuellement 54% du capital de Neoen, souscrira comme prévu à l'opération pour un montant maximum d'environ 170 millions d'euros afin de demeurer l'actionnaire majoritaire de l'entreprise, tandis que la société de gestion Omnes Capital réduira sa participation de 23% actuellement à un niveau compris entre 2,4% à 5%.

Le prix de l'offre devrait être fixé le 16 octobre pour une première cotation sur le marché réglementé d'Euronext Paris le 19 octobre, avec des négociations possibles sur des promesses d'actions dès le 17.

Après son introduction en Bourse, le flottant de Neoen sera d'environ 30%.

L'entreprise prévoit d'investir 2,9 milliards d'euros dans les projets inclus dans son objectif de 5 GW et, d'ici 2021, souhaite générer des flux de trésorerie suffisants pour financer des projets représentant 400 à 500 mégawatts (MW) supplémentaires de capacité installée par an.

"VENDRE L'ÉLECTRICITÉ LA MOINS CHÈRE POSSIBLE"

Fondé en 2008, Neoen se concentre sur les énergies solaire et éolienne et sur le développement de solutions de stockage de pointe, en gardant le contrôle de ses actifs, dont 96% vendent aujourd'hui l'électricité qu'ils produisent à travers des contrats de long terme conclus notamment avec des Etats ou des "utilities".

"On aime depuis longtemps l'idée d'une IPO (...), c'est bien pour la fluidité dans le capital (...) et c'est une bonne discipline d'être une société cotée", a déclaré lors d'une conférence de presse son PDG, Xavier Barbaro. "En termes de visibilité et peut-être un jour d'accélération de notre croissance, ce sont des outils que nous apporte la cotation."

"Pour Neoen, l'avenir est plutôt dans le solaire : c'est là où les coûts baissent le plus vite, c'est là où les centrales se construisent le plus rapidement et où la production est la plus prévisible", a ajouté son PDG.

"Notre approche est de développer les actifs les plus compétitifs possibles; le but de Neoen n'est pas d'aller chercher des subventions sur telle ou telle niche technologique ou géographique", a-t-il souligné.

"Notre karma, c'est de vendre l'électricité renouvelable la moins chère possible et même de manière plus courte l'électricité la moins chère possible."

Au 30 juin, le groupe était présent dans neuf pays et détenait et exploitait des installations photovoltaïques et éoliennes représentant une puissance installée cumulée de 1.830 mégawatts (MW) en fonctionnement et en construction.

ÉTENDRE LA PRÉSENCE GÉOGRAPHIQUE

Alors que l'Australie représente sa zone d'activité la plus importante devant la France et l'Amérique latine, Neoen prévoit d'étendre encore sa présence géographique, dans une limite de 15 à 20 pays au total, tout en restant concentré sur les pays de l'OCDE et avec une monnaie "forte".

"On choisit des pays où on a une chance de faire partie des leaders locaux. Vous ne nous verrez pas en Asie - parce que la barrière culturelle est trop grande et parce qu'on aurait du mal à avoir des contrats d'achat en dollars ou en euros - et vous ne nous verrez pas non plus au Brésil, parce qu'on ne peut pas y avoir des revenus en dollars", a précisé Xavier Barbaro.

Neoen a notamment développé en France le plus grand parc solaire d'Europe - de 300 MW - à Cestas (Gironde) et a installé en 2017 en Australie avec l'américain Tesla la plus grande batterie lithium-ion au monde, pour stocker l'électricité d'un parc éolien.

Pour 2018, la société vise un Ebitda (excédent brut d'exploitation) courant compris entre 170 millions et 175 millions d'euros (contre 102 millions en 2017) et un chiffre d'affaires de 220 à 230 millions (139 millions en 2017).

Neoen, qui emploie 148 personnes, estime que son Ebitda courant atteindra près de 400 millions d'euros en 2021.

Le groupe, qui a enregistré un résultat net positif au cours de chaque exercice depuis 2011 (9,5 millions l'an passé), s'attend à pouvoir verser pour la première fois un dividende en 2022 (au titre de l'exercice 2021).

JP Morgan et Natixis sont les coordinateurs globaux de l'introduction en Bourse de Neoen, Barclays et Société Générale les teneurs de livre associés et Carnegie le chef de file associé.

(Benjamin Mallet, avec Cyril Altmeyer et Geert De Clercq, édité par Benoît Van Overstraeten et Bertrand Boucey)

par Benjamin Mallet