PARIS, 28 juillet (Reuters) - EDF a publié jeudi une perte nette de 5,3 milliards d'euros au titre du premier semestre, marqué notamment par une très faible disponibilité du parc nucléaire français, et a revu à la hausse l'impact estimé de la baisse de production sur ses comptes annuels.

Jean-Bernard Lévy, le PDG de l'électricien public, a précisé lors d'une conférence téléphonique que cet impact sur le bénéfice avant intérêts, impôts, dépréciations et amortissements (Ebitda) était désormais estimé à 24 milliards d'euros environ cette année, contre 18,5 milliards précédemment.

Il a précisé que cette révision était liée à la poursuite de la hausse des prix de l'électricité en Europe, qui augmentent le coût des rachats d'électricité par EDF, et que la nouvelle estimation était calculée sur les prix du 13 juillet.

EDF,, que l'Etat prévoit de retirer de la Bourse en acquérant environ 16% du capital qu'il ne détient pas, a également enregistré au titre du premier semestre une perte nette courante de 1,3 milliard d'euros (contre un bénéfice de 3,7 milliards au premier semestre 2021), un Ebitda de 2,7 milliards (-75%) et un chiffre d'affaires de 66 milliards (+67%).

Le groupe subit l'indisponibilité de plus de la moitié de son parc nucléaire historique en raison d'opérations de maintenance et de problèmes de corrosion qui l'ont conduit à revoir plusieurs fois à la baisse sa prévision de production pour 2022.

Après avoir reçu un feu vert de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) à son programme de contrôles lié aux problèmes de corrosion, il a néanmoins confirmé jeudi que la production devrait s'établir cette année entre 280 et 300 térawatts-heure (TWh), puis entre 300 et 330 TWh en 2023.

EDF, par ailleurs en quête d'un nouveau PDG, est aussi confronté à la décision du gouvernement de l'obliger à céder davantage de nucléaire à bas prix à ses concurrents pour limiter la hausse des tarifs de l'électricité, une mesure susceptible d'être reconduite pour 2023 et dont l'impact sur l'Ebitda 2022 atteint quelque 10 milliards d'euros.

L'endettement financier net du groupe atteignait 42,8 milliards d'euros à fin juin, contre 43,0 milliards à fin 2021, et son cash-flow s'est établi à -4,0 milliards au premier semestre, contre -240 millions au premier semestre 2021.

Le gouvernement français a annoncé le 19 juillet son intention de monter à 100% du capital d'EDF pour un montant de 9,7 milliards d'euros, ce qui donnera à l'exécutif les coudées franches pour diriger le groupe en pleine crise du secteur de l'énergie en Europe sur fond d'invasion russe de l'Ukraine.

Cette opération doit faire l'objet d'une offre publique d'achat simplifiée d'ici début septembre en vue d'un retrait de la cote d'EDF envisagée d'ici la fin du mois d'octobre.

Elle intervient alors qu'EDF doit faire face à d'importants besoins de financement pour prolonger la durée de vie de son parc nucléaire français, construire de nouveaux réacteurs et se développer davantage dans les énergies renouvelables. (Reportage Benjamin Mallet ; édité par Myriam Rivet et Sophie Louet)