(Actualisation : commentaires de sources proches du ministère de l'Economie sur la poursuite des négociations entre la France et la Commission européenne)

PARIS (Agefi-Dow Jones)--L'action EDF chute de 13,7% à 10,7 euros lundi après-midi à la Bourse de Paris. Selon plusieurs analystes, l'action réagit à des informations de BFM Business selon lesquelles les négociations entre Paris et Bruxelles sur le projet de refonte du secteur de l'électricité en France traînent, ce qui pourrait empêcher le projet "Hercule" de réorganisation du groupe d'aboutir cette année.

"Les négociations ne se dirigeront pas vers un accord dans les semaines à venir", a souligné dans une note à ses clients J.P.Morgan Cazenove, en faisant référence à l'article de BFM.

La chute du titre est d'autant plus violente qu'elle prend les investisseurs à contre-pied. "Depuis plusieurs mois, le marché achetait le plan visant à réorganiser le groupe, entre d'un côté le nucléaire, et de l'autre les activités les plus attractives, pour l'essentiel les énergies renouvelables, et la distribution d'électricité", rappelle Xavier Regnard, analyste chez Bryan Garnier. Les négociations avec Bruxelles sur le marché de l'électricité en France sont "indissociables" du projet "Hercule", souligne l'analyste.

"La France tente d'arracher une vaste refonte de tout le secteur électrique pour redresser les finances d'EDF. Le gouvernement préconise une augmentation de 20% des prix de l'électricité. En contrepartie, Bruxelles demande plus de concurrence et une scission d'EDF, ce que refuse la France", relate BFM Business sur son site Internet.

Mais, alors que la France entend conserver un groupe public "intégré" dans le cadre de sa réorganisation, la Commission européenne plaide pour une séparation nette des activités, afin d'éviter les distorsions de concurrence.

Selon les informations du site, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a été "très ferme sur toute la ligne". "Elle est restée sur ses positions et n'a pas voulu accélérer le calendrier", a précisé une source à BFM Business. "Une posture de négociation dure, destinée à faire plier l'Etat français. Bruxelles aurait demandé encore six mois de discussions à la France, un délai trop long pour faire voter la réforme au Parlement d'ici la fin de l'année", ajoute le site.

Ces six mois de délais supplémentaires risquent d'engendrer un retard beaucoup plus important pour EDF. "Cela va décaler de beaucoup plus parce que le sujet ne pourra ensuite être traité à l'approche de l'élection présidentielle. Il sera trop sensible de mettre le projet en place à ce moment-là", prévient Xavier Regnard, de Bryan Garnier.

Or, EDF a besoin de cette réforme, à la fois parce que la séparation du groupe en plusieurs entités peut créer immédiatement de la valeur, et parce que de cette réorganisation dépend la refonte du mécanisme de régulation du nucléaire. Maintenir EDF en l'état "signifie qu'il n'y aura pas de refonte du mécanisme de l'Arenh (accès régulé à l'électricité nucléaire historique), on conservera le prix à 42 euros le mégawattheure qui ne permet pas au groupe de couvrir ses frais sur le nucléaire", souligne l'analyste.

Contacté, le groupe EDF n'a pas souhaité faire de commentaire.

Les négociations entre la France et la Commission européenne sur la réforme du marché de l'électricité se poursuivent, a-t-on appris lundi de sources proches du ministère de l'Economie et des Finances. Selon ces sources, un délai supplémentaire pour mener à bien cette négociation n'a pas été demandé.

-Dimitri Delmond et François Berthon, Agefi-Dow Jones; +33 (0)1 41 27 47 93; fberthon@agefi.fr ed: VLV - ECH

(François Schott a contribué à cet article)

Site Internet: https://www.bfmtv.com/economie/hercule-la-grande-reforme-d-edf-s-enlise_AV-202101250074.html

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January 25, 2021 11:06 ET (16:06 GMT)