PARIS, 18 janvier (Reuters) - Lance Armstrong a offert jeudi les aveux que certains espéraient depuis des années: se qualifiant de "tricheur", il a reconnu s'être dopé pendant la majeure partie de sa carrière et s'est excusé du bout des lèvres auprès de ceux qu'il a "trahis".

Voici les principales réactions enregistrées vendredi au lendemain de la diffusion de la première partie de l'entretien de l'ancien cycliste américain avec l'animatrice américaine Oprah Winfrey:

TRAVIS TYGART, président de l'Agence américaine antidopage (Communiqué):

"Le fait qu'il avoue s'être dopé au cours de sa carrière est un petit pas dans la bonne direction."

"S'il est sincère dans son désir de rectifier ses erreurs passées, il témoignera sous serment de l'ampleur complète de ses activités de dopage."

UNION CYCLISTE INTERNATIONALE (Communiqué):

"L'UCI prend acte de la décision de Lance Armstrong de passer enfin aux aveux et de confesser avoir utilisé des produits dopants, dans la première partie de son entretien avec Oprah Winfrey."

"Nous prenons note que Lance Armstrong a exprimé le souhait de participer à un processus de vérité et réconciliation, ce que nous accueillerions."

LIVESTRONG, fondation créée par Lance Armstrong à destination des personnes souffrant d'un cancer (Communiqué):

"A la fondation Livestrong, nous sommes déçus par les informations selon lesquelles Lance Armstrong a trompé les gens pendant et après sa carrière de cycliste, y compris nous-mêmes."

"Malgré notre déception, nous exprimons aussi notre gratitude à Lance en tant que survivant pour son implication, sa dévotion et l'état d'esprit dont il a fait preuve pour se mettre au service des personnes souffrant d'un cancer."

COMITÉ INTERNATIONAL OLYMPIQUE (Communiqué):

"Il ne peut pas y avoir de place pour le dopage dans le sport et le CIO condamne sans réserve les actes de Lance Armstrong et de tous ceux qui cherchent à tirer un avantage indu par rapport à leurs concurrents en prenant des substances dopantes."

"Maintenant nous prions instamment Lance Armstrong de présenter aux autorités antidopages compétentes toutes les preuves qu'il détient afin que nous puissions mettre définitivement un terme à ce sombre épisode et aller de l'avant, plus forts et plus propres."

JOHN FAHEY, président de l'Agence mondiale antidopage (BBC):

"J'ai trouvé qu'il agissait dans un style relations publiques très contrôlé. J'ai trouvé que cela n'était pas très sincère. Je n'ai pas été impressionné par cette soi-disante confession."

CHRISTIAN PRUDHOMME, directeur du Tour de France (Reuters):

"Même s'il y a quelques semaines encore on nous avait dit qu'Armstrong s'était dopé publiquement pendant le Tour de France, on n'aurait pas cru cela possible. Mais après les fuites de ces derniers jours, on reste un peu sur sa faim."

"Il faut aller plus loin. Le rapport de l'Agence américaine antidopage (Usada, ndlr) a dénoncé un système. Il faut qu'on en sache plus, sur la manière dont il a pu se doper et notamment sur l'influence de son entourage."

EMMA O'REILLY, ancienne masseuse de Lance Armstrong poursuivie par l'ancien coureur après avoir évoqué ses pratiques dopantes (ITV):

"Je n'avais parlé de cela uniquement parce que je détestais voir ce que traversaient certains coureurs. Tous les coureurs n'étaient pas aussi à l'aise avec le dopage que l'était Lance."

JEFF TILLOTSON, avocat de la compagnie américaine SCA Promotions qui réclame 12 millions de dollars versés à l'ancien coureur cycliste pour ses victoires dans le Tour de France (Communiqué):

"Les déclarations de Lance Armstrong ont été stupéfiantes pour mes clients, parce qu'il a tout simplement reconnu que tout ce qu'il nous avait dit sous serment était faux. Il ne méritait pas cet argent et n'était pas en droit de le percevoir."

JONATHAN VAUGHTERS, ancien coéquipier de Lance Armstrong (Reuters):

"C'était un bon premier pas. Je suis heureux d'avoir entendu qu'il serait prêt à témoigner devant une commission vérité et réconciliation."

BETSY ANDREU, épouse de l'ancien coéquipier de Lance Armstrong Frankie Andreu, insultée par Lance Armstrong après avoir raconté avoir entendu le coureur américain confier à ses médecins qu'il s'était dopé avant son cancer (CNN):

"Il avait l'occasion de tout dire, il me devait la vérité. Il la devait à ce sport qu'il a détruit."

STUART O'GRADY, ancien vainqueur d'étape du Tour de France (conférence de presse):

"Lance a déçu tout le monde sur cette planète, y compris nous. Bien évidemment, on voulait tous croire qu'il avait gagné ses Tours de France en étant propre. Quand on souffrait dans la montagne, on se disait tous qu'il s'entraînait plus dur que nous. Mais maintenant, tout est sorti. Je suis déçu, agacé et frustré."

VALÉRIE FOURNEYRON, ministre des Sports, représentante de l'Europe à l'Agence mondiale antidopage (Reuters):

"La mise en scène télévisée et parfaitement huilée des aveux de Lance Armstrong ne fait que perpétuer le sentiment de manipulation qui a toujours accompagné ses déclarations."

"Si nous voulons que 'l'affaire Armstrong' permette réellement de faire progresser la lutte contre le dopage, il faut faire toute la lumière sur ce système et les acteurs qu'il impliquait.

PIERRE BORDRY, ancien président de l'Agence française de lutte contre le dopage (Reuters TV):

"Il aurait dû en dire plus pour que les choses soient claires. Ce qui manque à ses aveux, ce sont des informations sérieuses sur la manière dont il s'est approvisionné, s'il a eu des gens qui l'ont aidé, s'il a eu des circuits. Dans l'intérêt du cyclisme et de la lutte antidopage il faut qu'il parle plus."

"L'UCI n'a pas été suffisamment claire dans les derniers Tours de France, tout du moins à mes yeux, pour être crédible aujourd'hui. A moins qu'elle change un certain nombre de choses, soit ses instances, soit ses manières de faire. Il faut que cela change."

PIERRE BALLESTER, journaliste et co-auteur du livre "L.A. Confidentiel" (Reuters TV):

"Il est inimaginable de concevoir un système de dopage généralisé au sein de son équipe sans que d'autres, institutions ou protagonistes, n'aient pas interféré ou aidé."

"Il a bénéficié de protections, il ne les dévoile pas. Je pense que tout ça a été négocié en amont avant ce show hollywoodien avec la Mireille Dumas américaine pour assurer ses arrières et peut-être aussi pour sauver sa fondation."

LAURENT JALABERT, ancien coureur, sélectionneur de l'équipe de France de cyclisme sur route (RTL):

"Ce ne sont pas des aveux complets. Quand Armstrong fait quelque chose, c'est toujours très calculé. Je me demande si ces aveux ne sont pas une tactique. Il a peut-être encore des projets."

"On ne connaît pas des détails sur les rumeurs, à savoir a-t-il été vraiment été protégé? A-t-il été contrôlé comme les autres concurrents pour obtenir tous ces résultats ? Il aurait pu aller plus loin. On est face à un feuilleton. On ne peut pas dire que ce soit la dernière étape."

GREG LEMOND, triple vainqueur du Tour de France (Cyclingnews):

"Si Armstrong avait donné à Floyd Landis ou Tyler Hamilton la même chose qu'il prenait, il n'aurait jamais rien gagné - ils l'auraient battu"

CHRISTOPHE BASSONS, ancien coureur pris à partie par Lance Armstrong et par une partie du peloton pour ses déclarations sur le dopage (Reuters):

"J'ai encore quelques regrets. Il avoue s'être dopé mais il ne donne pas de noms et puis je suis quand même un peu étonné qu'il ait dit être revenu en 2009 sans être dopé. Je n'y crois pas"

"Je crois qu'il cherche à se refaire, qu'il a des projets, qu'il a des ambitions politiques"

"S'il a reconnu ses erreurs, je suis sûr qu'il a négocié quelque chose avant."

NOVAK DJOKOVIC, numéro un mondial du tennis (conférence de presse):

"C'est une honte pour le sport d'avoir un athlète comme lui. Il a trahi le sport. Il a trahi beaucoup de gens dans le monde entier avec sa carrière, avec son histoire. Je pense qu'ils devraient lui retirer tous ses titres car c'est injuste par rapport aux autres sportifs, à tous les athlètes. Je pense qu'il a mérité de souffrir pour ces mensonges proférés pendant toutes ces années."

(Service des Sports)