par Anthony Boadle

BRASILIA, 29 octobre (Reuters) - Jair Bolsonaro, candidat de l'extrême droite, a remporté l'élection présidentielle dimanche soir en promettant un changement de cap radical dans la politique intérieure et extérieure du Brésil, avec un programme axé sur la lutte contre la corruption et la criminalité et des privatisations massives.

Son message est clair: le pays va à vau-l'eau et seule une main de fer peut le sauver du désastre. Pour les Brésiliens confrontés depuis des années aux difficultés économiques, au chômage, à la criminalité, à la corruption et au trafic de drogue, ce langage porte.

Voici une liste de ses principales promesses de campagne:

LUTTER CONTRE LA CORRUPTION

L'ancien militaire, âgé de 63 ans, s'est engagé à lutter contre la corruption au Brésil, où la classe politique a été secouée par les scandales à répétition. Si la justice n'en vient pas à bout, ce sera à l'armée de s'en charger, affirme-t-il.

Il veut que les enquêtes se poursuivent et souhaite mettre fin au marchandage entre le gouvernement et les partis politiques.

Il s'est par ailleurs engagé à réduire le nombre de ministères à 15, alors que l'actuel gouvernement en compte 29.

PRIVATISER

Jair Bolsonaro compte privatiser un certain nombre d'entreprises publiques pour maintenir à l'écart les affairistes et les hommes politiques corrompus.

Concernant ce dossier, des divergences sont apparues au sein même de son équipe de campagne.

L'économiste et investisseur brésilien Paulo Guedes, que Bolsonaro considère comme l'un de ses conseillers les plus fiables et à qui il entend confier un "super ministère de l'Economie", a proposé de privatiser la société pétrolière publique Petrobras et la Banco do Brasil.

Oswaldo Ferreira, général à la retraite qui devrait faire partie du gouvernement, a promis quant à lui que ces entreprises resteraient gérées par l'Etat pour des raisons "stratégiques".

RÉFORMER LES RETRAITES

Le candidat d'extrême-droite a dit à plusieurs reprises qu'il allait réformer le système coûteux des retraites pour réduire le déficit budgétaire du Brésil, une mesure symbolique et importante pour de nombreux investisseurs.

Il n'a toutefois donné aucune précision sur la mise en place de cette réforme, si ce n'est sur le fait qu'elle serait différente de la proposition du gouvernement actuel.

LUTTER CONTRE LA HAUSSE DE LA CRIMINALITÉ

En 2017, près de 64.000 meurtres ont été commis, un record. Celui qui a été élu à sept reprises au Congrès et a adhéré à neuf partis différents au cours de sa carrière politique a promis de réprimer la criminalité en accordant plus d'autonomie et de liberté aux forces de police, qui seraient autorisées à tirer sur les criminels.

Il propose aussi d'assouplir les lois sur le contrôle des armes afin de permettre à ses compatriotes de se défendre par eux-mêmes.

CHANGER LE CAP DE LA POLITIQUE INTERNATIONALE

Pékin est devenu l'un des principaux partenaires économiques du Brésil ces dernières années, avec plus de 65 milliards d'euros d'échanges commerciaux entre les deux pays cette année.

Si Bolsonaro se réjouit que la Chine achète des matières premières brésiliennes comme le soja, il souhaite mettre fin à la folie dépensière chinoise dans les secteurs de l'énergie et des infrastructures.

Le candidat du Parti social-libéral, parfois surnommé le "Trump des Tropiques", souhaite également renforcer ses liens avec Washington. Le Brésil s'était éloigné des Etats-Unis ces treize dernières années, lorsque le pays était gouverné par le parti des Travailleurs (PT).

Bolsonaro ne cache pas son admiration pour le président américain et compte se positionner sur la politique nationaliste menée par Donald Trump: il envisage de diminuer l'engagement du Brésil dans les blocs régionaux comme le Mercosur pour privilégier les relations bilatérales. Il a également dit qu'il transférerait l'ambassade du Brésil en Israël à Jérusalem.

FAVORISER L'AGRICULTURE ET L'EXPLOITATION MINIÈRE

Proche du puissant lobby agroalimentaire brésilien, Bolsonaro prévoit la création d'un "super-ministère" combinant les portefeuille de l'Agriculture et de l'Environnement.

Il s'est aussi engagé à mettre fin à "l'invasion des terres agricoles", dit-il, par les tribus autochtones et des mouvements des paysans sans terre.

Cette semaine, il est revenu sur une de ses promesses de campagne en annonçant qu'il ne retirerait le Brésil de l'Accord de Paris sur le climat en cas de victoire à l'élection présidentielle. (Arthur Connan pour le service français)